2004-2007


Un autre regard sur les plantes du Moyen Âge

Créé par le paysagiste Olivier Damée, inauguré le 26 juin 2004, ce jardin est une évocation paysagère du monde médiéval. Il se propose d’illustrer ce que pouvait être l’expérimentation du monde végétal au Moyen Âge, c’est-à-dire la façon dont le jardinier observait, soignait, sélectionnait et multipliait les plantes.

Ce jardin n’est pas la reconstitution historique d’une réalisation cistercienne à Royaumont ; il est conçu comme un laboratoire d’observation des plantes, enrichi d’éléments d’ornementation pour le plaisir de la promenade.

Ce lieu offre au visiteur un espace vivant et évolutif accueillant des expositions végétales temporaires autour de thèmes évoquant le contexte médiéval. Pour son ouverture, le choix du thème s’est porté sur les travaux d’Hildegarde de Bingen, abbesse bénédictine du XIIe siècle, connue tout autant pour ses travaux en botanique que pour ses talents de compositeur.

Hildegarde de Bingen, les secrets d’une savante du Moyen Âge

Cette grande figure mystique du XIIe siècle est à la fois abbesse et poétesse, compositeur et naturaliste et théologienne. Elle a écrit un grand nombre d’ouvrages sur des sujets aussi variés que l’histoire naturelle, la médecine ou la cosmologie, la musique, la poésie, ou encore la théologie.

L’univers d’Hildegarde forme un tout, et c’est la conception du monde et de l’homme qui régit sa pensée. L’homme a été créé à partir des quatre éléments qui structurent le cosmos : le feu, l’air, l’eau et la terre. Sa médecine, dont l’approche s’intéresse autant au corps qu’à l’esprit de l’être humain, se fonde sur deux couples d’opposition : le chaud et le froid, le sec et l’humide.

Un regain d’intérêt se porte aujourd’hui vers la médecine douce d’Hildegarde et ses connaissances multiples en matière de botanique. À plusieurs titres, ses secrets et remèdes restent d’actualité.

Un parcours initiatique dans l’univers végétal

Le parcours dans le jardin se structure autour de cinq éléments.

Le visiteur accède au jardin par l’allée qui longe le canal, il pourra apprécier les semis de céréales le long du réfectoire. Entre cet espace et le jardin, une vigne sera plantée à l’automne 2004.

Le jardin des neuf carrés constitue une exposition in situ du jardin, il propose aussi une vision esthétique qui rappelle la fonction d’agrément du jardin.

La table du savoir présente les plantes isolées et étiquetées en pots, permettant ainsi une information systématique sur chaque plante du jardin, relayée par une documentation disponible sur le site.

Le jardin de pieds-mères regroupe les plantes destinées à être multipliées et sur lesquelles sont prélevées les graines, les organes végétatifs et le pollen, qui donnent naissance aux plantes filles. Ces plantes sont aussi utilisées pour remplacer celles qui seraient endommagées.

Enfin, le verger, toujours présent dans les jardins médiévaux, complète harmonieusement la visite.

Le jardin au fil des saisons

Au printemps, les premières floraisons du jardin apparaissent : ail et ancolie pour les vivaces, aubépine et cornouiller pour les arbustes. C’est le moment d’ameublir et d’enrichir les sols, et d’ôter les protections contre le froid. Les annuelles sont semées.

L’été voit fleurir la mauve, le lis et le pavot. Les sols sont piochés, désherbés et fréquemment arrosés. Les longues pousses, sensibles au vent, sont tuteurées, les vivaces rabattues afin d’être stimulées, les fleurs fanées supprimées ; on sème les bisannuelles.

En automne, le rosier musqué, le calendula et l’arroche fleurissent encore le jardin. Les feuillages jaunissants et les hampes défleuries sont supprimés. On abrite les dernières fleurs en cas de gelées nocturnes.

En hiver, les floraisons sont achevées et la végétation s’endort. C’est le temps de nettoyer le jardin, les sols sont bêchés et amendés. Les plantes fragiles sont protégées et l’on procède à la taille des arbres et arbustes. Il faut aussi entretenir les allées, les clôtures et réparer les outils. Le plan de plantation de l’année à venir est à concevoir…