Le Jardin des 9 carrés est un des trois jardins labellisés « remarquables » par le ministère de la Culture, conçu par l’agence DVA (Damée, Vallet & Associés), et mis en œuvre par les jardiniers de l’abbaye.
Depuis juin 2025, il accueille une nouvelle collection de plantes, dédiée à la figure d’Hildegard von Bingen, une religieuse allemande du XIIe siècle qui prescrivait déjà l’usage de plantes pour soigner le corps et l’esprit.

Chaque carré de culture a une thématique particulière.
Description du carré qui réunit les plantes capables, selon Hildegard, d’aider à la cicatrisation des plaies : l’achillée millefeuille | l’armoise commune | le lierre terrestre | le lin cultivé | la verveine officinale | la violette odorante

Pourquoi se soucier de la cicatrisation ?

Une coupure, une brûlure et voilà la peau et les tissus déchirés. Commence alors le processus de cicatrisation. Juste après une phase initiale vasculaire (dite « hémostase »), dont le but est de stopper le saignement, débute un mécanisme cellulaire de nettoyage. Le corps se débarrasse alors par inflammation des tissus dévitalisés ou abîmés. La plaie peut parfois se couvrir d’une couche jaunâtre, la fibrine, qui nécessite un traitement local. A ce stade, les femmes et les hommes appliquent depuis la nuit des temps des onguents pour éviter une infection. Puis viennent les phases de bourgeonnement (le comblement de la plaie) et d’épidermisation (la couverture par une nouvelle peau). Comme tous les savants de son époque, Hildegard von Bingen savait à quel point ce long processus était déterminant pour la santé de la personne blessée…

Les remèdes du jardin des 9 carrés

Achillea millefolium

L’achillée millefeuille, Achillea millefolium en latin, fait partie de la grande famille des astéracées qui, rien qu’en Europe, compte 80 genres et environ 500 espèces dont l’absinthe, le pissenlit et l’arnica. Cette vivace rhizomateuse bien connue des jardiniers s’élève à environ 60 centimètres du sol. Elle fleurit de juin à octobre. Très commune en France, elle apprécie les sols secs et être en plein soleil. On la croise naturellement dans des prairies, des friches, des bords de chemin ou des ourlets forestiers.

L’avis d’Hildegard

La moniale bénédictine la décrit comme « un peu chaude et sèche » et lui reconnaît des « vertus diverses et fines pour les plaies ». Dans le cas d’une blessure à la suite d’un coup, Hildegard conseille d’appliquer l’achillée cuite avec un linge sur la plaie afin de la débarrasser de « la pourriture et des suppurations ».
Il s’agit d’une plante mellifère intéressante à intégrer dans les jardins et, au-delà de cette dimension, elle est considérée comme tonique, stimulante, antispasmodique, astringente, antiseptique et hémostatique. Pour ses vertus reconnues, elle est présente dans de nombreuses traditions médicales.

Artemisia vulgaris

L’armoise commune ou Artemisia vulgaris, fait partie de la grande famille des astéracées.
Son feuillage glabre, à la forme si particulière, d’un vert foncé sur le dessus et grisâtre en dessous, s’élève jusqu’à 1,5 mètre. Assez commune en France, cette vivace apprécie les lieux ensoleillés, elle s’installe principalement dans des friches rudéralisées, des bords de chemin et en bordure de fleuve.

L’avis d’Hildegard

Hildegard van Bingen la préconise en cas d’infection d’une plaie.
Plante aromatique, elle est également tonique, apéritive, stimulante, antispasmodique et stomatique. Elle doit malgré tout être manipulée avec précaution car elle est toxique et peut être allergisante. L’armoise fait partie du cortège utilisé lors de la Saint-Jean, marque d’une place importante dans les usages populaires.

Glechoma hederacea

La Glechoma hederacea plus couramment nommée « lierre terrestre » est une lamiacée. Elle est de la famille de la sauge, du thym et du romarin, dont l’une des principales caractéristiques est la production d’huiles essentielles odorantes aux propriétés médicinales et aromatiques. 
Souvent utilisée en couvre-sol pour son port couché, cette vivace fait entre 5 et 25 centimètres de hauteur. Sa floraison, dont la forme est typique des lamiacées, d’une couleur mauve, est visible de mars à mai. Elle apprécie les endroits ensoleillés mais également la mi-ombre voire l’ombre, et elle a besoin d’un sol frais et même humide.
Le lierre terrestre est une essence commune dans presque toute la France jusqu’à 1800 m. Elle s’installe principalement dans des boisements, des pelouses et des prairies ayant un sol frais.

L’avis d’Hildegard

Hildegard von Bingen préconise l’usage externe du lierre terrestre dans le cas d’une membrane « déchirée ».
C’est une plante tonique, béchique, diurétique, vulnéraire mais également mellifère.

Linum usitatissimum

Le lin cultivé, Linum usitatissimum, plante annuelle se dressant jusqu’à 80 centimètres, arbore au bout de sa tige unique des inflorescences d’un bleu pâle d’avril à juillet. Il aime être en plein soleil et apprécie les sols drainants. On peut le trouver au sein de pelouses, de friches et de lisières, à travers toute la France.

L’avis d’Hildegard

Hildegard recommande l’usage du lin pour faire cicatriser des brûlures. Il faut alors faire cuire des graines de lin, y plonger une toile de lin que l’on appliquerait après sur la brûlure.
Le lin cultivé, comme son nom l’indique, est une espèce issue de la domestication des espèces sauvages. Il s’agit d’une des premières essences cultivées par l’humanité. On l’utilisait ainsi à l’Antiquité pour soigner. C’est une plante particulièrement intéressante permettant de nombreux usages, de la création de textile à la consommation de ses graines qui sont riches en fibres, en oméga-3 et en antioxydants.

Verbena officinalis

De la famille des verbénacées qui comprend les différentes verveines et les lantaniers, la verveine officinale, Verbena officinalis, est une plante vivace de 40 à 80 centimètres.  
Ses feuilles pétiolées oblongues, incisées-dentées, sont faciles à reconnaître, notamment car elles sont très odorantes. La verveine apprécie le soleil et les sols frais. On la trouve notamment aux bords des chemins et dans des friches nitrophiles, dans toute la France.

L’avis d’Hildegard

Hildegard décrit la verveine comme étant « plus froide que chaude » et la préconise pour soigner une « chair putride » à la suite de la présence de vers ou d’un abcès. Il faut alors faire bouillir de la verveine et tremper un linge dans cette eau avant de l’appliquer sur la plaie. Il s’agit ici d’un usage externe de la plante.
La verveine serait connue et consommée depuis l’âge de pierre. Elle était utilisée pour des rituels magiques dès l’Antiquité et elle faisait partie du cortège des herbes de la Saint-Jean. Elle est toujours très utilisée en tisane pour faciliter la digestion.

Viola odorata

La Viola odorata que nous connaissons plus couramment sous le nom de « violette odorante » est une vivace d’environ une quinzaine de centimètres. Ses feuilles ovales sont réunies en une rosette basilaire d’où partent ses fleurs violettes, délicates et solitaires, de mars à mai.
C’est une vivace assez commune en France, jusqu’à 1 500 mètres d’altitude, que l’on trouve dans des prairies rocailleuses, des haies, des buissons, des taillis, des lisières forestières, des boisements et des sous-bois, à la mi-ombre ou sous un soleil frais.      

L’avis d’Hildegard

La moniale bénédictine en recommande l’usage pour soigner des maux de tête ou des « chairs cancéreuses ». Il s’agit alors de fabriquer un onguent.
Elle était considérée, au Moyen Âge, comme une plante aphrodisiaque et, à l’Antiquité, les Romains l’associaient à Vénus.
Plante émolliente, expectorante, sudorifique et béchique, la violette odorante est présente dans de nombreuses traditions médicinales, notamment pour combattre les maux de tête, la toux et la fièvre. Des études ont confirmé qu’il s’agit d’une plante efficace pour traiter les infections respiratoires.

Dans le jardin d’Hildegard von Bingen…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes contre la toux

La livèche, la lavande commune, la menthe aquatique, la fougère scolopendre, la pulmonaire officinale, le thym commun, le marroube blanc, le bec-de-grue…

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Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour chasser la fièvre

Le basilic, la guimauve, la pivoine, la garance des teinturiers, l’olivier, la renouée bistorte, l’hellébore noire…

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Une rosa gallica dans le jardin des 9 carrés

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour chasser les idées noires

Arum tacheté, hysope, lys blanc, primevère officinale, rosier de Provins, bétoine officinale…

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Avec la religieuse allemande Hildegarde de Bingen, apprendre à se soigner par les plantes

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour cicatriser

L’achillée millefeuille, l’armoise commune, le lierre terrestre, le lin cultivé, la verveine officinale, la violette odorante…

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Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour combattre la fatigue

Pyrèthre d’Afrique, absinthe, lierre terrestre, mélisse officinale, thym serpolet…

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Une salvia sclarea dans le jardin des 9 carrés

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour digérer

Ail commun, pyrèthre d’Afrique, souci officinal, carvi, fenouil, réglisse, sarriette annuelle, épeautre, sauge sclarée, lupin…

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Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour faire passer les maux de tête

Absinthe, grande aunée, grande mauve, menthe pouliot, fougère scolopendre, origan, sureau yèble, sauge officinale…

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Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour soulager sa vessie

La fraxinelle, l’iris des jardins, le persil, la tanaisie commune, le géranium des prés…

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Dans le jardin d’Hildegard : soigner les corps et les âmes

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Le savoir d’Hildegard von Bingen et les connaissances de son temps

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