Le Jardin des 9 carrés est un des trois jardins labellisés « remarquables » par le ministère de la Culture, conçu par l’agence DVA (Damée, Vallet & Associés), et mis en œuvre par les jardiniers de l’abbaye.
Depuis juin 2025, il accueille une nouvelle collection de plantes, dédiée à la figure d’Hildegard von Bingen, une religieuse allemande du XIIe siècle qui prescrivait déjà l’usage de plantes pour soigner le corps et l’esprit.
Un carré, une thématique
Description du carré qui réunit les plantes destinées à chasser les idées noires
arum tacheté | hysope | lys blanc | primevère officinale | rosier de Provins | bétoine officinale
Pourquoi se soucier des idées noires ?
La médecine moderne n’associe aucune couleur aux idées. Elle reconnaît pourtant que les pensées négatives persistantes, souvent teintées de pessimisme, de dévalorisation de soi et de désespoir, représentent un problème majeur. Ces idées peuvent avoir des causes très diverses : solitude, stress, pressions au travail, problèmes relationnels, événements traumatiques… La vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes aujourd’hui est très perturbée et c’était très probablement déjà le cas au Moyen Âge.
Les plantes pour chasser les idées noires
L’arum tacheté – Arum maculatum
L’Arum tacheté, également nommé Arum maculatum, est une aracée, famille particulièrement présente sous les tropiques comprenant des plantes aquatiques, les lentilles d’eau, comme des plantes herbacées terrestres. La plupart des plantes de cette famille ont une inflorescence très proche de celle de l’arum que l’on trouve en France.
L’Arum tacheté est une vivace faisant entre 20 et 50 centimètres fleurissant d’avril à mai. Il apprécie la mi-ombre et l’ombre, ainsi que les sols frais. On le trouve pour ces raisons dans des haies, des lisières et des forêts. C’est une plante commune en France.
L’avis d’Hildegard
Hildegard recommande son usage pour une personne perturbée par des idées noires, ayant l’esprit sombre. Il faut alors boire du vin cuit avec de la racine d’arum. Ce remède diminuerait la mélancolie. Les baies de l’arum sont très toxiques. Son usage extérieur est considéré comme vésicant, détersif et résolutif.
L’hysope – Hysopus officinalis
Hysopus officinalis, l’hysope, fait partie de la famille des lamiacées. C’est une plante ligneuse faisant 20 à 60 centimètres, ayant des tiges très feuillées, glabres et des feuilles persistantes lancéolées.
Elle fleurit de juillet à septembre, ses fleurs bleues sont toutes tournées du même côté, en épis. L’Hysope est une plante méridionale, mais absente de Corse. Elle a besoin de soleil et d’un sol sec. C’est pour cela qu’on l’a dans des garrigues, des pelouses rocailleuses et des pelouses dégradées par l’érosion.
L’avis d’Hildegard
Hildegard décrit l’hysope comme étant sèche et modérément chaude. Sa consommation régulière chasserait les humeurs.
Il s’agit d’une plante connue depuis très longtemps et ayant une très forte dimension religieuse. Elle est notamment citée de nombreuses fois dans l’Ancien Testament ainsi que dans le Nouveau. Elle est tonique, stimulante, dépurative et expectorante. Elle est utilisée depuis longtemps pour ses propriétés à des fins médicales. La recherche a montré qu’elle était bien antioxydante, antifongique, antimicrobienne, antiulcéreuse et antispasmodique.
Plante aromatique, elle entre dans la composition de la Chartreuse, qui est une liqueur. Elle est également mellifère.
Le lys – Lilium candidum
Le lys blanc, Lilium candidum en latin, est une liliacée. C’est une famille principalement présente dans les zones tempérées de l’hémisphère nord. Toutes les espèces en faisant partie passent l’hiver sous la forme de bulbe. Elle comprendre la gagée jaune, la tulipe des bois ou encore la fritillaire pintade.
Le lys blanc est une vivace s’élevant élégamment jusqu’à 1 mètre 50. Sa couleur blanche fait d’elle une plante d’ornement de premier ordre. Elle apprécie la mi-ombre. Même si elle peut être subspontanée, on la trouve principalement au sein de cultures.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegard, le parfum du lys réjouit les hommes, leur inspirant de bonnes pensées. Le lys est cité dans le capitulaire De Villis. Nous savons ainsi qu’il était présent dans les jardins médiévaux. Une croyance magique, au Moyen Âge, lui prêtait également le pouvoir de rompre un charme d’amour mais symboliquement, pour sa blancheur, il était avant tout associé à la pureté et donc à la Sainte Vierge.
Cette plante aurait bel et bien un effet anti-inflammatoire.
La primevère officinale – Primula versis
La primevère officinale fait entre 10 et 30 centimètres. C’est une vivace dont la fleur est d’un jaune intense. Elle fleurit d’avril à mai, marquant ainsi le début du printemps. Elle peut s’installer au soleil comme à la mi-ombre.
Très commune en France, on peut l’observer au sein de pelouses calcicoles, de prairies, de chemins et de lisières.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegard, la primevère tire sa force du soleil, ce serait pour cette raison qu’elle réprimerait la mélancolie.
Plante expectorante, notamment en cas de rhume ou de bronchite, antispasmodique, diurétique et pectorale, les autorités médicales considèrent comme « traditionnellement établi » son caractère expectorant. C’est également une plante mellifère avec un caractère ornemental.
Le rosier de provins – Rosa gallica
Les rosacées forment une vaste famille hétéroclite comprenant la ronce commune, le cognassier, la petite pimprenelle, le pommier ou encore le fraisier des bois. Le rosier de Provins ou Rosa Gallica en fait également partie.
Rosier botanique d’environ 90 centimètres mais généralement peu élevé, au port étalé, le Rosa Gallica est un arbrisseau avec de petits aiguillons inégaux, très crochus. Il a de grandes fleurs roses, çà et là, solitairement, de mai à juin. Il apprécie le soleil et on le trouve en Europe méridionale dans des haies, des fourrés et des boisements clairs jusqu’à 600 mètres d’altitude.
L’avis d’Hildegard
Hildegard von Bingen préconise l’usage du rosier de Provins avec de la sauge, le tout réduit en poudre afin d’en respirer au moment de crises de colère. Les rosiers ont un très fort caractère ornemental qui a assuré leur pérennité au sein des jardins à travers les âges et les modes. Ce rosier particulièrement parfumé est utilisé pour l’eau de rose. Il est inscrit à l’annexe II de la liste nationale des espèces protégées en France.
La rose entre dans la fabrication de remèdes contre le diabète, dépression, stress. Le rosier de Provins a notamment des propriétés antibactériennes.
La bétoine officinale – Stachys officinalis
La Stachys officinalis ou bétoine officinale, de la famille des lamiacées, est une vivace d’une cinquantaine de centimètres, aux feuilles oblongues et aux fleurs violacées en épis. Elle fleurit de juillet à octobre. Commune en France, on la trouve jusqu’à 1 700 mètres, dans des prairies, des pelouses, des bords de chemin, des landes et des bois clairs. Elle apprécie être au soleil et une certaine mi-ombre, dans un sol frais.
L’avis d’Hildegard
Hildegard la recommande dans le cas de cauchemars, d’angoisses nocturnes.
La racine de la bétoine est toxique mais ses feuilles sont stimulantes, toniques et vulnéraires. Il est fait plusieurs fois mention d’elle à l’Antiquité, preuve de l’intérêt particulier qui lui était alors porté.
Les carrés de l’exposition

Plantes contre la toux
La livèche, la lavande commune, la menthe aquatique, la fougère scolopendre, le bec-de-grue…

Plantes pour chasser la fièvre
Le basilic, la guimauve, la pivoine, la garance des teinturiers, l’olivier, la renouée bistorte, l’hellébore noire…

Plantes pour chasser les idées noires
Arum tacheté, hysope, lys blanc, primevère officinale, rosier de Provins, bétoine officinale…

Plantes pour cicatriser
L’achillée millefeuille, l’armoise commune, le lierre terrestre, le lin cultivé, la verveine officinale, la violette odorante…

Plantes pour combattre la fatigue
Pyrèthre d’Afrique, absinthe, lierre terrestre, mélisse officinale, thym serpolet…

Plantes pour digérer
Ail commun, pyrèthre d’Afrique, souci officinal, carvi, fenouil, réglisse, sarriette annuelle, épeautre, sauge sclarée, lupin…

Plantes pour faire passer les maux de tête
Absinthe, grande aunée, grande mauve, menthe pouliot, fougère scolopendre, origan, sureau yèble, sauge officinale…

Plantes pour soulager sa vessie
La fraxinelle, l’iris des jardins, le persil, la tanaisie commune, le géranium des prés…
Les carrés de l’exposition

Dans le jardin d’Hildegard : soigner les corps et les âmes
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