Le Jardin des 9 carrés est un des trois jardins labellisés « remarquables » par le ministère de la Culture, conçu par l’agence DVA (Damée, Vallet & Associés), et mis en œuvre par les jardiniers de l’abbaye.
Depuis juin 2025, il accueille une nouvelle collection de plantes, dédiée à la figure d’Hildegard von Bingen, une religieuse allemande du XIIe siècle qui prescrivait déjà l’usage de plantes pour soigner le corps et l’esprit.
Chaque carré de culture a une thématique particulière.
Description du carré qui réunit les plantes capables, selon Hildegard, de faire passer les maux de tête : absinthe | grande aunée | grande mauve | menthe pouliot | fougère scolopendre | origan | sureau yèble | sauge officinale
Pourquoi se soucier des maux de tête ?
Tout le monde a déjà souffert de maux de tête. Depuis l’enfance, ce trouble, baptisé « céphalée » revient chez chacun au moins une fois par an. Lorsque les douleurs reviennent de façon régulière, d’un seul côté de la tête et au rythme des contractions cardiaques, on parle de « migraine ». Les femmes et les hommes du Moyen Âge n’ignoraient rien de ces problèmes. Pour les faire passer, ils n’avaient recours ni au Paracétamol, ni à l’Ibuprofène, ni à l’Aspirine mais à certaines des plantes qui sont à l’origine de ces produits.
Les plantes du jardin des 9 carrés
Artemisia absinthium
L’Artemisia absinthium, plus souvent connue sous le nom d’absinthe, est une vivace faisant partie de la famille des astéracées. Son feuillage très dessiné, d’un gris argenté, s’élève à environ 80 centimètres. Elle fleurit de juin à septembre.
Elle est globalement présente partout en Europe dans des lieux incultes, pierreux, des bords de rivière. Il s’agit d’une plante qui s’adapte à différents types de sol.
L’avis d’Hildegard
Hildegard la décrit comme « très chaude et très énergétique » et préconise un usage externe pour combattre des maux de tête.
Plante très odorante, elle a longtemps à l’origine d’une boisson alcoolisée très prisée au XIXe siècle, notamment dans le milieu bohème parisien, ce qui a participé à sa réputation sulfureuse et à son interdiction sous cette forme.
La recherche a confirmé son utilité pour ses vertus antibactériennes, antifongiques, apaisantes et anti-inflammatoires notamment.
Inula helenium
La grande aunée, Inula helenium, est une vivace pouvant s’élever à plus de deux mètres du sol dans certaines conditions optimales. Elle a une souche charnue et une tige robuste au bout de laquelle se trouvent des fleurs d’un jaune intense.
Sa floraison, typique des astéracées, s’étend de juillet à août. C’est une plante appréciant le soleil et les sols secs à frais. On la trouve naturellement dans des prés humides, des bois, des haies, des lisières et des friches à travers toute la France, même si sa population hexagonale semble être en régression.
L’avis d’Hildegard
Hildegard préconise une boisson faite à partir de cette plante, indiquant « pour assainir les poumons », tout en précisant qu’elle chasse également les maux de tête.
La racine d’Inula helenium a des vertus vulnéraire, tonique, stomachique, antispasmodique et vermifuge.
En plus d’être mellifère, sa forte dimension ornementale en fait une plante utilisée souvent dans les jardins.
Malva sylvestris
La grande mauve, Malva sylvestris, est classée dans la famille des malvacées, à laquelle elle a donné son nom. Cette dernière réunit le tilleul et la guimauve, elle comprend des plantes herbacées, des arbustes et des arbres. Les mauves comptent une vingtaine d’espèces à travers le monde, dont 7 sont présentes en Europe tempérée.
La Malva sylvestris est une bisannuelle qui peut atteindre 150 centimètres. Elle a des feuilles alternes, palmées, et de grandes fleurs à la symétrie radiale, divisées en cinq pièces, typiques des mauves. Elle pousse principalement au bord des chemins et des milieux rudéraux, en plein soleil.
L’avis d’Hildegard
Hildegard la préconise mélangée avec de la sauge et de l’huile d’olive, afin d’être appliquée sur la tête et la nuque.
Les mauves ont une teneur importante en mucilage au sein de leur feuillage, c’est ce composant qui en fait un traitement contre la toux.
Mentha pulegium
La menthe pouliot, Mentha pulegium, fait partie de la même famille que la sauge, le thym et le romarin. L’une de ses caractéristiques est la production d’huiles essentielles odorantes.
Vivace d’une cinquantaine de centimètres à la floraison rose, la menthe pouliot fait partie des menthes dont elle partage les principales caractéristiques physiques mais également l’odeur typique.
La menthe pouliot apprécie les lieux humides, la mi-ombre, les sols frais à humides. On la trouve assez facilement en Europe.
L’avis d’Hildegard
Hildegard la préconise au cas où on souffre de la tête au « point d’en devenir fou ». Il faut alors un usage externe.
La recherche scientifique a montré qu’elle était véritablement anti-inflammatoire.
Elle était réputée avoir une dimension abortive, qui aurait été confirmée par des études scientifiques. Sa consommation est proscrite pour les femmes enceintes. Elle est bien antibactérienne et antioxydante mais, attention, elle est considérée comme toxique.
Phyllitis scolopendrium
La fougère scolopendre, Phyllitis scolopendrium, appartient à la famille des aspléniacées qui, bien que majoritairement présente sous les tropiques, est l’une des familles de fougères les plus riches d’Europe.
Vivace mesurant 30 centimètres, elle apprécie l’ombre et l’humidité. Elle est présente sur la quasi-totalité du territoire hexagonal, principalement dans des forêts de pente, des groupements de rochers ombragés, des puits ou encore des bords de chemins ombragés.
L’avis d’Hildegard
Hildegard préconise de la faire sécher, de la réduire en poudre et de la sucer afin de supprimer les maux de tête.
Avec d’autres fougères, Asplenium ceterach L. et Asplenium trichomanes L., elle a de nombreuses utilisations médicales depuis longtemps. Les 3 fougères citées ont des propriétés qui intéressent les scientifiques dans le cadre des recherches pour la lutte contre le cancer. La Phyllitis scolopendrium, que l’on peut aussi trouver sous le nom d’Asplenium scolopendrium, semble avoir un fort potentiel pour détruire les cellules cancéreuses.
Origanum vulgare
L’origan, Origanum vulgare, vivace bien connue des cuisiniers, mesurant entre 30 et 50 centimètres, fleurit de juillet à septembre. Elle se plait en plein soleil dans des lieux secs et incultes, dans toute la France hexagonale.
L’avis d’Hildegard
Hildegard préconise le recours à l’origan lorsqu’après avoir mangé un aliment, une personne a mal à la tête. Il faut alors prendre de l’origan avec de la sauge et du fenouil, ainsi que du marrube, y ajouter une matière graisseuse afin d’en faire un onguent avec lequel on se frotte la tête.
La moniale bénédictine met en garde contre une utilisation interne de l’origan, prescription qui n’a pas été conservée.
L’origanum vulgare est considérée comme une plante stomachique et stimulante. L’huile essentielle d’origan est intéressante pour faciliter la digestion, soigner certains troubles respiratoires et des maladies dermatologiques. Les recommandations d’Hildegard concernent principalement ce dernier cas.
Sambucus ebulus
Sureau yèble ou Sambucus ebulus est une vivace au port souple, avec une souche rampante quasiment ligneuse et des tiges souples, herbacées et annuelles. Ses grandes feuilles opposées, composées et lancéolées peuvent rappeler celles du Sambucus nigra, qui est un arbuste, même si celles de cette dernière sont plus ovales.
Sa floraison blanche s’étend de juin à août. Le sureau yèble se plaît au soleil comme à la mi-ombre dans des sols frais. On peut le trouver dans toute la France jusqu’à 1 400 mères d’altitude dans des milieux rudéralisés, des chemins forestiers, des berges de cours d’eau, des fossés, des coupes et des lisières forestières.
L’avis d’Hildegard
Hildegard von Bingen le recommande pour un mal de tête « qui tape comme un torrent ». Il faut alors recouvrir sa tête de sureau yèble. Elle conseille donc un usage externe de la plante car si sa racine est diurétique, ses fleurs sudorifiques, ses fruits sont dangereusement purgatifs. Ils peuvent provoquer des intoxications mortelles. Les baies servaient auparavant à colorer le vin. C’est une plante mellifère mais considérée comme pouvant être envahissante.
Salvia officinalis
La sauge officinale, Salvia officinalis, est une lamiacée comme la sauge sclarée, Salvia sclarea. L’une des caractéristiques de cette famille est la production d’huiles essentielles odorantes à l’origine de leurs propriétés médicinales et aromatiques.
C’est un sous-arbrisseau pouvant atteindre 50 centimètres de hauteur. Plante ligneuse avec de nombreux rameaux, il a des feuilles étroites dépassant rarement 1,5 -2 cm de largeur. Sa floraison violette s’étend de mai à juillet.
Originaire d’Europe méridionale, la sauge officinale a besoin d’être en plein soleil, même si elle peut tolérer une certaine mi-ombre, dans un sol sec. On la trouve de 1000 à 1 800 m.
Espèce héliophile mais supportant une demi-ombre légère, on la trouve dans des garrigues, et des lieux secs et arides. D’après Pierre Lieutaghi, elle n’est pas sauvage en France, on la trouverait dès lors dans un état ensauvagé qui serait une survivance d’anciennes cultures.
L’avis d’Hildegard
Hildegard von Bingen la préconise contre les maux de tête, il faut alors prendre de la sauge avec de l’origan et du fenouil ainsi que du marrube, y ajouter une matière graisseuse afin d’en faire un onguent avec lequel on se frotte la tête.
La sauge a toujours eu une place particulière. À l’Antiquité, elle servait lors de cérémonies religieuses. Pline l’ancien en parle et la décrit comme une plante diurétique. Elle avait gardé cette réputation au Moyen Âge où elle apparait dans d’autres écrits que ceux d’Hildegard.
C’est une plante tonique, stimulante, stomachique, antispasmodique, antispasmodique et emménagogue. La recherche a montré qu’elle avait des propriétés utiles pour soigner le diabète, et des vertus antioxydantes et antibactériennes.
C’est également une plante mellifère et elle est toujours très présente dans la cuisine provençale.
Dans le jardin d’Hildegard von Bingen…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes contre la toux
La livèche, la lavande commune, la menthe aquatique, la fougère scolopendre, la pulmonaire officinale, le thym commun, le marroube blanc, le bec-de-grue…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour chasser la fièvre
Le basilic, la guimauve, la pivoine, la garance des teinturiers, l’olivier, la renouée bistorte, l’hellébore noire…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour chasser les idées noires
Arum tacheté, hysope, lys blanc, primevère officinale, rosier de Provins, bétoine officinale…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour cicatriser
L’achillée millefeuille, l’armoise commune, le lierre terrestre, le lin cultivé, la verveine officinale, la violette odorante…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour combattre la fatigue
Pyrèthre d’Afrique, absinthe, lierre terrestre, mélisse officinale, thym serpolet…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour digérer
Ail commun, pyrèthre d’Afrique, souci officinal, carvi, fenouil, réglisse, sarriette annuelle, épeautre, sauge sclarée, lupin…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour faire passer les maux de tête
Absinthe, grande aunée, grande mauve, menthe pouliot, fougère scolopendre, origan, sureau yèble, sauge officinale…

Dans le jardin d’Hildegard : plantes pour soulager sa vessie
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Dans le jardin d’Hildegard : soigner les corps et les âmes
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