Au Moyen Âge, cette pièce située au rez-de-chaussée du bâtiment des moines était la « salle du chapitre », l’espace de dialogue des moines de chœur.

Aujourd’hui, les 23 000 livres conservés sur ses rayonnages de bois sombre témoignent des dialogues qui se sont tenus entre ces murs au vingtième siècle : les débats et séances de travail qui ont réuni des figures de la vie intellectuelle aussi illustres que Gilles Deleuze, Noam Chomsky, Jacques Monod ou Edgar Morin.

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La bibliothèque Henry & Isabel Goüin n’a plus rien de commun avec la bibliothèque médiévale, rassemblée par les moines, qui fut dispersée en 1792. Riche d’environ 23 000 volumes, c’est un ensemble varié et éclectique, résultat du mélange de plusieurs collections privées auxquelles sont venues s’ajouter les acquisitions liées aux diverses activités de la Fondation.

Située sur l’aile orientale du cloître, cette salle était ouverte à l’origine sur la galerie Est du cloître et non pas sur le passage-parloir comme c’est le cas aujourd’hui ; elle formait au Moyen Âge la salle du chapitre, ou salle capitulaire. Les moines s’y retrouvaient quotidiennement pour lire un chapitre de la Règle de saint Benoît (d’où son nom) ou pour des réunions à vocation administrative ou disciplinaire. Par ailleurs, il était fréquent que des abbés soient inhumés dans les salles capitulaires. Il semblerait que cela ait été le cas dans celle de Royaumont où un squelette fut découvert lors des travaux de restauration menés au cours du XIXe siècle.

Lors de l’installation de la filature, en 1793, l’intérieur du bâtiment des moines fut entièrement remanié. Les voûtes furent effondrées, les cloisons et les ouvertures profondément modifiées et des ateliers prirent place à l’emplacement de la salle capitulaire. On la restaura entre 1865 et 1876, sans tenir compte de son volume initial qui fut divisé en deux salles de travail dont la plus grande devint la Salle générale du Noviciat des Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux, qui habitaient désormais les lieux. Inutilisée après le départ des religieuses, en 1905, elle devint notamment un dortoir pour les blessés de la Grande guerre, lors de la transformation de l’abbaye en hôpital auxiliaire entre 1914 et 1919. Les Scottish Women qui en avaient la charge la baptisèrent salle Millicent Fawcett, du nom d’une femme politique et militante féministe britannique.

En 1938, Henry et Isabel Goüin, alors propriétaires de l’abbaye, y aménagèrent une bibliothèque pour le Foyer de l’abbaye de Royaumont qu’ils venaient de créer mais c’est en 1949, avec l’acquisition d’une partie de la collection de Paul Desjardins, autrefois conservée à l’abbaye de Pontigny, que cette bibliothèque prit vraiment corps. Elle s’enrichit régulièrement, au cours des décennies suivantes, grâce à des dons privés et des acquisitions régulières, tout en accueillant de nombreuses rencontres intellectuelles de haut niveau. Conçue comme une bibliothèque générale, elle prit le nom de bibliothèque Henry et Isabel Goüin en 1984, en hommage aux fondateurs et premiers mécènes de la Fondation Royaumont.