Le Jardin des 9 carrés est un des trois jardins labellisés « remarquables » par le ministère de la Culture, conçu par l’agence DVA (Damée, Vallet & Associés), et mis en œuvre par les jardiniers de l’abbaye.
Depuis juin 2025, il accueille une nouvelle collection de plantes, dédiée à la figure d’Hildegard von Bingen, une religieuse allemande du XIIe siècle qui prescrivait déjà l’usage de plantes pour soigner le corps et l’esprit.

Un carré, une thématique

Description du carré qui réunit les plantes capables, selon Hildegard, de faire passer la fièvre

le basilic | la guimauve | la pivoine | la garance des teinturiers | l’olivier | la renouée bistorte | l’hellébore noire

Pourquoi se soucier de la fièvre ?
L’humain (l’homo sapiens) est un animal à sang chaud. Sa température corporelle ordinaire oscille entre 36,6 et 37,2 degrés. Elle varie légèrement, bien sûr, selon le moment de la journée et selon le cycle chez la femme. Son augmentation soudaine est dénommée « fièvre » ou « hyperthermie ». La fièvre n’est pas une maladie mais un symptôme. Elle annonce la réaction du système immunitaire à un événement, comme l’invasion d’agents pathogènes. En élevant la température corporelle, le système immunitaire crée un environnement défavorable aux éléments extérieurs. Ce changement active également d’autres mécanismes de défense, stimulant l’activité des globules blancs et accélérant les processus biochimiques liés à la réponse immunitaire. Il faut cependant reconnaître que la fièvre provoque un inconfort temporaire…

Les plantes pour chasser la fièvre

Le basilic – Ocinum basilicum

Annuel sous nos latitudes, le basilic, nommé en latin Ocinum basilicum, est originaire d’Asie. Il fut importé il y a environ 4 000 ans en Égypte, à partir de laquelle il fut introduit en Italie durant la Rome antique. Il s’est alors diffusé dans toute l’Europe dès le IIe siècle.
Il s’agit d’une plante de plein soleil qui apprécie que la température ne descende pas en dessous de 16 degrés. Elle apprécie les sols frais mais bien drainés.

L’avis d’Hildegard

Hildegard von Bingen prescrit le recours au basilic dans le cas de « fortes fièvres, tierces ou quartaines ». Il faut alors le faire cuire dans du vin avec du miel et le boire avant ou après le repas et au coucher.
Plante culinaire emblématique de la cuisine méridionale, elle est utilisée dans les médecines traditionnelles indienne et chinoise comme antibiotique, anti-inflammatoire et diurétique. Ses capacités antioxydantes et anti-inflammatoires sont toujours reconnues.

La guimauve officinale – Althaea officinalis

La guimauve officinale, Althaea officinalis, est une vivace de la famille des malvacées comme la Grande Mauve. Elle peut mesurer 1 mètre 50 et parfois même atteindre les 2 mètres. Elle a des feuilles tomenteuses et dentelées. Sa fleur, plutôt grande, blanche tirant sur un rose léger, est visible de juillet à septembre. C’est une vivace qui apprécie le plein soleil ainsi que les sols riches, frais à humides. On la trouve dans presque toute la France, jusqu’à 800 mètres, au bord des eaux.

L’avis d’Hildegard

Hildegard von Bingen en recommande l’usage contre la fièvre sans précision sur la nature de celle-ci, comme elle a pu parfois le faire dans d’autres cas. Il faut alors la broyer et la mettre dans du vinaigre afin de la boire le matin à jeun.
Althea, qui est son nom latin, signifie « guérison », une allusion à ses potentielles propriétés médicales. La guimauve officinale est émolliente et laxative. De la même famille que la Grande Mauve, elle est riche en mucilage. Elle aurait des propriétés anti-inflammatoire et antioxydante.

La pivoine – Paeonia officinalis

La pivoine, plante particulièrement appréciée des fleuristes pour sa floraison rose et généreuse, est une vivace qui s’élève à environ 45 centimètres. Elle préfère le soleil même si elle peut s’accommoder d’une légère demi-ombre, c’est pour cela qu’on la trouve plutôt dans des prairies, des lisières et des clairières forestières.

L’avis d’Hildegard

Hildegard la décrit comme étant d’une « nature ignée » et de « bonnes vertus ». Elle la recommande dans le cadre de fièvres « tierce et quarte », il faudrait alors écraser sa racine avant de la mettre dans du vin et d’en boire très régulièrement.
La pivoine officinale se nomme ainsi pour ses propriétés médicinales. Sa racine est considérée comme antispasmodique, diurétique, sédative et tonique. Elle est actuellement moins utilisée qu’au XVIe siècle.
La pivoine officinale est sur la liste rouge des espèces menacées notamment à cause de la destruction des espaces forestiers où on la trouvait naturellement.

La garance des teinturiers – Rubia tinctorum L.

La Rubia tinctorum L. dite la garance des teinturiers, porte ce nom pour avoir été utilisée pendant plus de 2 000 ans pour teindre les textiles d’un rouge intense. Cette pratique a imposé sa culture.
Vivace pouvant s’élever jusqu’à 1 mètre, d’une floraison jaunâtre de juin à août, elle se plait au sein des haies, des buissons, du soleil à la mi-ombre, plutôt au sein de sols secs. On peut la trouver naturellement du Midi à l’Auvergne.

L’avis d’Hildegard

Hildegard von Bingen la définit comme étant « froide » et la préconise dans le cas d’une fièvre accompagnée d’une perte d’appétit. Il faudra alors la faire cuire dans de l’eau et boire celle-ci du matin au soir.
La garance a de nombreux usages médicinaux. Dans la tradition chinoise, sa racine est utilisée comme tonique.

L’olivier – Olea europea

L’olivier, olea europea, arbre emblématique des paysages méditerranéens, peut atteindre 6 mètres de hauteur et s’il peut vivre plus de 400 ans pour la variété cultivée, il a une croissance très lente. Son feuillage caractéristique est d’un vert argenté et sa feuille est allongée.

L’avis d’Hildegard

Hildegard n’y trouve aucun intérêt gustatif, elle trouve même que l’huile d’olive donne aux aliments un goût désagréable. Cette huile, dont la consommation alimentaire peut donner des nausées selon la moniale, peut avoir un usage intéressant comme médicament. Elle conseille alors d’en faire chauffer et d’y ajouter des roses et des violettes pour lutter contre « différentes fièvres ». Ses autres préconisations concernent principalement l’usage de l’écorce.
Actuellement, les qualités gustatives de l’huile d’olive sont reconnues. L’écorce et les feuilles de l’olivier sont utilisées pour leurs vertus diurétiques, toniques, astringentes et fébrifuges.

La renouée bistorte – Persicaria bistorta, Polygonum bistorta ou Bistorta officinalis

De la famille des polygonacées, comme la renouée du Japon ou l’oseille, la renouée bistorte, nommée également Persicaria bistorta L., Polygonum bistorta ou Bistorta officinalis, est une vivace d’environ 80 centimètres. Sa floraison rose, très délicate, s’étend de mai à juin. C’est une plante qui s’adapte aux situations ensoleillées comme à la mi-ombre. On la trouve à l’état naturel dans des prairies humides, des fossés, des bois clairs et frais ainsi que des forêts. Elle apprécie les sols profonds à frais et elle est assez commune en montagne.

L’avis d’Hildegard

Hildegard préconise son emploi en cas de fièvre, il faut alors en utiliser une grande quantité qu’on laisse mariner dans du vin une nuit durant avant d’en enlever la plante.
Les usages médicinaux de cette plante sont anciens. Elle est toujours considérée comme astringente, tonique, vulnéraire et hémostatique.

L’hellébore noire – Helleborus niger L.

L’hellébore noir ou rose de Noël, Helleborus niger L., est une vivace appréciée pour sa floraison hivernale. Elle fait une trentaine de centimètres. Si sa fleur blanche et son feuillage persistant donnent une impression de fragilité, il n’en est rien : elle est particulièrement rustique. Elle apprécie l’ombre même si elle peut se satisfaire d’une mi-ombre. C’est pour cette raison qu’on la trouve principalement dans des bois et des sous-bois. Elle est originaire d’Europe centrale : Italie, Suisse et Allemagne notamment.

L’avis d’Hildegard

Hildegard von Bingen la préconise dans le cas de « fièvres quartes ».
Elle aurait des propriétés vermifuges et purgatives mais elle est à manipuler avec précautions, avec des gants même pour ceux qui veulent la cultiver au sein de leur jardin, car elle est toxique.

        

Les carrés de l’exposition

Plantes contre la toux

La livèche, la lavande commune, la menthe aquatique, la fougère scolopendre, le bec-de-grue…

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Plantes pour chasser la fièvre

Le basilic, la guimauve, la pivoine, la garance des teinturiers, l’olivier, la renouée bistorte, l’hellébore noire…

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Une rosa gallica dans le jardin des 9 carrés

Plantes pour chasser les idées noires

Arum tacheté, hysope, lys blanc, primevère officinale, rosier de Provins, bétoine officinale

 

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Avec la religieuse allemande Hildegarde de Bingen, apprendre à se soigner par les plantes

Plantes pour cicatriser

L’achillée millefeuille, l’armoise commune, le lierre terrestre, le lin cultivé, la verveine officinale, la violette odorante…

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Plantes pour combattre la fatigue

Pyrèthre d’Afrique, absinthe, lierre terrestre, mélisse officinale, thym serpolet

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Une salvia sclarea dans le jardin des 9 carrés

Plantes pour digérer

Ail commun, pyrèthre d’Afrique, souci officinal, carvi, fenouil, réglisse, sarriette annuelle, épeautre, sauge sclarée, lupin

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Avec la religieuse allemande Hildegarde de Bingen, apprendre à se soigner par les plantes

Plantes pour faire passer les maux de tête

Absinthe, grande aunée, grande mauve, menthe pouliot, fougère scolopendre, origan, sureau yèble, sauge officina

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Plantes pour soulager sa vessie

La fraxinelle, l’iris des jardins, le persil, la tanaisie commune, le géranium des prés…

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En savoir sur l’exposition Dans le jardin d’Hildegard

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Dans le jardin d’Hildegard : soigner les corps et les âmes

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Le savoir d’Hildegard von Bingen et les connaissances de son temps

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