Le Jardin des 9 carrés est un des trois jardins labellisés « remarquables » par le ministère de la Culture, conçu par l’agence DVA (Damée, Vallet & Associés), et mis en œuvre par les jardiniers de l’abbaye.
Depuis juin 2025, il accueille une nouvelle collection de plantes, dédiée à la figure d’Hildegard von Bingen, une religieuse allemande du XIIe siècle qui prescrivait déjà l’usage de plantes pour soigner le corps et l’esprit.
Chaque carré de culture a une thématique particulière.
Description du carré qui réunit les plantes capables, selon Hildegard, de faciliter la digestion : ail commun | pyrèthre d’Afrique | souci officinal | carvi | fenouil | réglisse | sarriette annuelle | épeautre | sauge sclarée | lupin
Pourquoi se soucier de la digestion ?
Il existe deux types d’organisme sur Terre : les autotrophes, qui sont capables de produire leur propre matière organique, et les hétérotrophes, qui doivent, pour se nourrir, absorber d’autres êtres vivants ou récemment décédés. Comme tous les mammifères, les humains sont hétérotrophes, ils tirent leur force de l’ingestion de végétaux ou d’autres animaux. La digestion est donc un processus essentiel. Elle prend la forme d’un long cheminement, passant de la bouche à l’estomac, où nos acides cassent les grosses molécules alimentaires, puis à l’intestin grêle, où des enzymes poursuivent la décomposition jusqu’à ce que les nutriments puissent s’infiltrer dans la circulation sanguine. Une mauvaise digestion est donc un problème majeur. Lorsqu’il est durable, ce trouble appelé « dyspepsie » peut se manifester par des douleurs au creux de l’estomac, des flatulences et des ballonnements. Il peut être le symptôme d’une maladie plus grave encore…
Les remèdes du jardin des 9 carrés
Allium sativum
L’ail commun ou Allium sativum fait partie de la famille des amaryllidacées qui comprend notamment l’ail des ours, le perce-neige ou l’oignon. Plante vivace d’environ une quarantaine de centimètres, elle possède un bulbe comestible.
Sa floraison de juin à août est blanche ou rougeâtre, et forme une sphère très décorative.
Cultivé partout pour son intérêt culinaire, l’ail apprécie les emplacements ensoleillés et les sols secs à frais.
L’avis d’Hildegard
Hildegard von Bingen recommande son usage pour ses effets antibactériens et pour soigner les troubles gastro-intestinaux.
L’ail commun est consommé depuis l’Antiquité notamment par les Égyptiens.
Il est nutritionnellement très riche en carbohydrates, protéines, graisses, minéraux, eau et vitamines. Il a des vertus antifongiques et vermifuges. Des recherches sont menées sur les effets potentiels de l’ail sur certains cancers.
Anacyclus pyrethrum
La pyrèthre d’Afrique ou Anacyclus pyrethrum en latin fait partie de la famille des astéracées.
Rien qu’en Europe, elle compte 80 genres et environ 500 espèces comprenant l’absinthe, le pissenlit ou encore l’arnica.
Il s’agit d’une vivace ne dépassant pas les 20 centimètres et ayant une floraison blanche visible de mai à septembre et qui peut rappeler celle de la pâquerette.
Originaire d’Afrique du Nord et d’Europe méridionale, elle apprécie être en plein soleil et pousser dans un sol sec. C’est pour ces dernières caractéristiques qu’elle est adaptée aux rocailles.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegard, la Pyrèthre d’Afrique procure une bonne digestion à ceux qui la consomme.
Notamment utilisée en médecine ayurvédique, la Pyrèthre d’Afrique a des effets antidiabétiques et elle est immunostimulante.
Elle permettrait potentiellement de réduire le stress. Des recherches sont toujours menées à son sujet.
Calendula officinalis
Le souci officinal, que l’on peut aussi croiser sous le nom de « Calendula officinalis », fait partie de la grande famille des astéracées, ce qui en fait un parent de l’absinthe, du pissenlit et de l’arnica.
Annuelle d’environ 40 à 50 centimètres, elle fleurit de juin à octobre. Sa floraison orangée est très appréciée. C’est une plante qui apprécie d’être placée dans des endroits ensoleillés.
L’avis d’Hildegard
Hildegard la décrit comme « froide » et « humide ». Elle serait d’après la moniale une plante puissante pour faire passer l’assimilation d’un aliment malsain. Elle recommande ici un usage externe, même si le souci est une plante comestible. Il est également tinctorial.
Il est cité dans le capitulaire De Villis, texte législatif de Charlemagne évoquant notamment les plantes que les domaines royaux devaient cultiver, preuve s’il en fallait de l’importance qu’avait déjà le souci.
Le souci est reconnu depuis longtemps pour ses nombreuses propriétés et ses vertus digestives sont toujours reconnues. Des recherches ont été menées à son sujet et ont prouvé que le souci avait bien des propriétés anti-inflammatoires et qu’il avait une activité antibactérienne. L’OMS considère le souci comme un « traitement externe des plaies superficielles, des inflammations modérées de la peau et de la muqueuse orale, des blessures et des ulcères veineux ».
Carum carvi
Le Carum carvi, également appelé « carvi » et « cumin de Hollande » est une apiacée, famille que l’on nommait auparavant « ombellifères ». Cette famille est vaste : 440 genres et 3 570 espèces. On y trouve le cerfeuil, l’angélique, la grande berce, la ciguë ou encore le panais.
Annuelle se dressant jusqu’à une soixantaine de centimètres, ses feuilles sont découpées en profondeur et diffusent une forte odeur aromantique. Sa floraison blanche s’étend de juin à juillet. Le carvi apprécie les endroits ensoleillés et les sols drainés et légers. On le trouve à travers toute l’Eurasie.
L’avis d’Hildegard
Hildegard conseille d’en saupoudrer un fromage avant de le manger afin de le rendre plus digeste et d’en prendre avec du poivre et de la pimprenelle dans le cas de nausées.
Cette plante est utilisée depuis l’Antiquité notamment pour ses propriétés gustatives et tonifiantes. Les Romains notamment l’utilisaient pour cuisiner. Elle est toujours très présente dans certaines cuisines et ses vertus digestives sont toujours reconnues.
Foeniculum vulgare
De la famille des apiacées, principalement composée de plantes herbacées dont le cerfeuil, l’angélique, la grande berce, la ciguë ou encore la férule, le fenouil, Foeniculum vulgare, est une vivace méditerranéenne bien connue.
Pouvant atteindre les 2 mètres, sa silhouette demeure très légère : elle a des tiges très minces, vertes, lisses, peu feuillées et sa floraison prend la forme de nombreuses ombelles jaunes qui donnent des graines comestibles dès septembre.
Elle se sème dans les friches, les terrains vagues, en marge de lieux habités, les bords des routes, les chemins et les talus.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegard, qu’importe la forme sous laquelle on le consomme, il est toujours bénéfique et procure une bonne digestion.
La consommation du fenouil est très ancienne. Pline l’Ancien l’a cité à plusieurs reprises dans son Histoire naturelle certifiant au lecteur contemporain que les Romains l’utilisaient sous la forme d’une liqueur, en assaisonnement ou encore sur la croûte du pain.
Plus tard, Charlemagne a également favorisé sa culture. On le trouve très facilement sous la forme de tisane. C’est également une plante qui peut être cultivée pour ses qualités ornementales.
Glycyrrhiza glabra
Le réglisse, que l’on peut aussi nommer Glycyrrhiza glabra, fait partie de la famille des fabacées qui est une des plus riches familles de plantes à fleurs. Elle se trouve partout à travers le monde comprenant des herbes annuelles, des vivaces, des plantes ligneuses et même des lianes. On en trouve 30 genres et 150 espèces rien qu’en Europe. Elle comprend notamment le lupin, le cytise, la coronille ainsi que le robinier faux-acacia.
Mesurant jusqu’à 1 mètre, le réglisse est une vivace méridionale aux feuilles imparipennées composées de 4 à 8 paires de folioles oblongues et aux fleurs bleuâtres. Il aime être en plein soleil au sein d’un sol frais, voire humide. On trouve le réglisse principalement dans des fossés et des prairies.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegarde, le réglisse a « une chaleur modérée », c’est pour cette raison qu’il a un impact positif sur l’homme qui en mange. Elle écrit que sa consommation est bénéfique pour la digestion.
Le réglisse est parmi les plantes les plus prescrites dans les traditions médicinales à travers le monde. On le retrouve dans l’Égypte ancienne ou la Rome antique mais également en médecine chinoise. En Asie comme en Europe, il est utilisé pour cuisiner et soigner.
C’est l’une des plantes médicinales les plus efficaces pour réduire la toxicité et elle augmente l’efficacité de nombreuses plantes auxquelles elle est associée.
Satureja hortensis
La Satureja hortensis est une sarriette annuelle. Lamiacée, de la famille de la sauge, du thym et du romarin, cette sarriette est très proche des calaments, autre espèce appartenant à cette même famille.
Elle mesure entre 10 et 25 centimètres. Elle a une structure très ramifiée formant un buisson dès sa base. Ses fleurs blanches ou rosées sont très petites et apparaissent jusqu’en octobre. Cette sarriette à une odeur similaire à celle de la sarriette vivace.
Plante méridionale, aimant les lieux secs, rocailleux et sablonneux, elle a besoin d’être en plein soleil pour s’épanouir en formant de petits coussins.
L’avis d’Hildegard
Hildegard ne mentionne que la goutte mais son utilisation importante comme aromatique peut renvoyer à une utilisation pour faciliter la digestion.
Cette sarriette produit une huile essentielle irritante d’un usage difficile. Elle a néanmoins des propriétés bactéricides et antifongiques, raison pour laquelle une branche de sarriette est probablement posée sur les tommes par les bergers.
Elle demeure une plante très utilisée en cuisine pour son parfum et ses vertus digestives.
Triticum spelta
L’épeautre, Triticum spelta, est une poacée. À l’exception des pôles, les poacées se trouvent dans toutes les régions et les zones climatiques. Sur les 200 espèces que comptent l’Europe, la plupart peuple les prairies et les pâturages. Grâce à leur qualité nutritive, dans certains cas assez élevée, les poacées constituent un aliment de premier ordre pour le bétail. C’est aussi une famille importe au sein de notre alimentation : elle comporte le seigle, le blé, l’orge, le millet, l’avoine, le riz ou encore le maïs.
L’épeautre est une annuelle mesurant environ 1 mètre. Elle aime être en plein soleil.
L’avis d’Hildegard
Pour Hildegard, il faut manger de l’épeautre lorsqu’on est malade au point d’être incapable de manger. Il faut alors faire bouillir les graines entières dans de l’eau à laquelle on a ajouté de la graisse ou du jaune d’œuf afin que cette mixture ait un meilleur goût.
L’épeautre est cultivé dès le 8e millénaire, au Proche-Orient, d’où il est originaire, puis à travers toute l’Europe.
L’épeautre est génétiquement très proche du blé tendre (Triticum aestivum subsp. Aestivum).
Salvia sclarea
Parente de la sauge, du thym et du romarin, la sauge sclarée, Salvia sclarea, est une lamiacée.
L’une des caractéristiques de cette famille est la production d’huiles essentielles odorantes à l’origine de leurs propriétés médicinales et aromatiques.
Cette sauge, particulièrement résistante, bisannuelle ou vivace, mesure entre 40 et 80 centimètres. Même si elle en partage des traites, elle est différente de la sauge officinale. Ses grandes feuilles ovales, crénelées et rugueuses sont reconnaissables. Elle a une odeur puissamment musquée. C’est une plante qui a besoin d’être bien exposée au soleil. On la trouve le long des chemins, sur des coteaux arides, dans une grande partie de la France.
L’avis d’Hildegard
La moniale bénédictine en recommande l’usage dans le cas d’un estomac faible au point de rencontrer des difficultés à se nourrir. Il faut alors prendre de la sauge sclarée avec de la menthe pouliot et du fenouil afin de purger l’estomac et de retrouver l’appétit.
Cultivée en Provence par les parfumeurs, c’est également une plante ornementale et mellifère. Néanmoins, du point de vue médicinal, sa capacité antioxydante serait surévaluée, comme ses propriétés antibactériennes, qui seraient très faibles.
Lupinus albus
Appartenant à la famille des fabacées, le lupin est une plante annuelle pouvant s’élever jusqu’à 120 centimètres, très recherchée pour sa floraison très généreuse et ornementale de mai à juillet. Le lupin vient d’Europe méridionale, il apprécie les endroits très exposés et est peu rustique.
L’avis d’Hildegard
Hildegard von Bingen décrit le lupin comme étant « froid ». Elle suggère sa consommation si on souffre du ventre, sous la forme de farine à laquelle sont ajoutés des graines de fenouil ou du suc de livèche.
Depuis longtemps, le lupin est cultivé comme plante fourragère et d’engrais. Sa graine est très riche en protéine végétale et en fibres. Son apport en protéine en fait une alternative dans l’alimentation végétarienne, notamment sous la forme de farine.
Dans le jardin d’Hildegard von Bingen…

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