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Prélude à l’après-midi (1/2)

La vie culturelle et artistique autour de Henry Goüin et François Lang

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Présentation

BIBLIOTHÈQUE HENRY ET ISABEL GOÜIN

Première partie : Conservatoire de Paris, Décade de Pontigny…


Yannick Merlin
musicologue et organiste titulaire de l’Eglise Notre-Dame des Champs (Paris), directeur de collections aux éditions Delatour

Michel Duchesneau professeur (Université de Montréal)
Nathalie Le Gonidec bibliothécaire (Bibliothèque Henry et Isabel Goüin)
Thomas Vernet bibliothécaire (Bibliothèque musicale François-Lang)

En 1936, Henry Goüin, mélomane consommé et organiste talentueux, directeur de la Revue Musicale, décide d’installer un orgue de salon Cavaillé-Coll à Royaumont et de le mettre en valeur lors de saisons de concerts, tout comme il fait édifier un orgue moderne Gonzalez dans son salon de musique parisien, où se faisait entendre beaucoup de musique contemporaine (Milhaud, Poulenc, Honegger, Martinu, Bartók…).

Avec la complicité de François Lang, pianiste virtuose mais aussi organiste de très bon niveau, il va construire un univers musical particulier, tourné vers la modernité et dans lequel nous retrouvons les plus grands organistes de l’époque (Marcel Dupré, Joseph Bonnet, André Marchal, Alexandre Cellier…) et aussi des personnalités qui ont œuvré au répertoire du roi des instruments d’une façon plus inattendue (Lazare Lévy, Darius Milhaud, Germaine Tailleferre).

Durée : 45 min


Le programme de salle

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Henry Goüin et François Lang
texte de Yannick Merlin, musicologue

Parler du piano et de l’orgue chez les Goüin et les Lang tombe sous le sens. Ces instruments semblent intimement liés à la vision que pouvaient avoir ces esprits mélomanes d’une activité musicale digne de ce nom. Parcourons rapidement les cheminements de ces deux personnalités afin de rendre compte de l’importance de leur créativité dans le monde musical.

En 1936, Henry Goüin prend en charge la gestion de l’abbaye de Royaumont, patrimoine familial acquis en 1905. Homme d’entreprise habile mais aussi mélomane consommé et organiste talentueux, il décide de faire installer un grand orgue dans le réfectoire des moines. L’instrument, issu des ateliers Cavaillé-Coll, est joué pour la première fois par François Lang (le frère d’Isabel Lang, épouse de Henry Goüin) au cours d’un concert donné le 27 juin 1936 avec l’orchestre de l’Association des concerts Colonne, dirigé par Paul Paray.

L’année suivante, sous l’égide de l’Association des concerts de la Revue Musicale qu’il dirige depuis 1935, Henry Goüin organise une première saison musicale à Royaumont en mêlant la voix de l’orgue à celle de l’orchestre et des chœurs. A cette occasion Alexandre Cellier, titulaire du Temple de l’Etoile, prononce un discours dans lequel on apprend qu’il est à l’origine de l’achat par les Goüin de l’orgue transféré depuis la Suisse jusqu’à Royaumont. Cette série de trois concerts est inaugurée par François Lang et se poursuit avec la participation de deux célébrités proches de la famille Goüin : André Marchal, titulaire de Saint-Germain-des-Prés et Joseph Bonnet, titulaire de Saint-Eustache. Les deux artistes se sont déjà illustrés à l’orgue privé de la famille Goüin situé dans leur hôtel particulier de l’avenue Milleret-de-Brou à Paris en y enregistrant plusieurs pièces (pour Pathé Marconi, notamment).

En effet, les Goüin avaient fait agrandir leur salon de musique pour y installer un orgue aux sonorités visionnaires pour l’époque, par le facteur Gonzalez, et dont la composition avait été élaborée par André Marchal. Inauguré en février 1934, l’instrument servit ensuite lors de concerts ouverts au public, comme il était de coutume à l’époque, dans des demeures parisiennes privées qui mettaient à disposition l’orgue de leur salon de musique. Ces auditions pouvaient recevoir un petit public (jusqu’à une cinquantaine de personnes).
Le salon des Goüin accueillait également des séances de musique de chambre, organisées dans le cadre de l’Association des concerts de la Revue Musicale, où se faisait entendre beaucoup de musique contemporaine (Milhaud, Poulenc, Honegger, Martinu, Bartók…)

Isabel Lang, qui s’était mariée avec Henry Goüin en 1931, avait réalisé des études musicales poussées, mais c’est son frère François qui était devenu musicien professionnel, de grande renommée : pianiste virtuose lauréat du Conservatoire de Paris, concertiste international, ami des plus grands chefs d’orchestres et compositeurs, collectionneur de manuscrits musicaux. Ce que l’on sait moins c’est qu’il cultivait l’art des organistes, discrètement et passionnément (tout comme, d’ailleurs, son illustre collègue Francis Planté) à une époque où le clivage entre le piano et l’orgue pouvait être assez restreint, peut-être en raison de la nécessité d’être un pianiste accompli avant de pouvoir prétendre à intégrer la classe d’orgue de Marcel Dupré au Conservatoire.

Quoi qu’il en soit, pour François Lang le passage du piano à l’orgue et inversement était naturel, également en concert : il suffit de lire le programme de son récital du 17 novembre 1931 au cours duquel il interprète la partie d’orgue de la 3ème Symphonie de Saint-Saëns à côté du Concerto pour piano en ré de Mozart. Dès ses années d’études dans la classe de piano du Conservatoire, François Lang développe ses aptitudes organistiques sous l’égide de Marcel Dupré. Son entourage d’alors veille à le conforter dans ce choix difficile, qui est d’assumer deux instruments à un niveau professionnel. Son propre professeur, Lazare Lévy, également compositeur, n’a-t-il pas écrit un diptyque pour le roi des instruments, créé par Louis Vierne, le titulaire de Notre-Dame de Paris ? Un autre de ses maîtres, le chef d’orchestre Paul Paray, était également organiste, ami de Dupré.

Parmi les relations que François Lang avait nouées dans le monde de l’orgue, nous avons déjà évoqué Alexandre Cellier (excellent transcripteur pour l’instrument à tuyaux de certaines œuvres de Debussy, ami des parents de François). François Lang possédait quelques manuscrits d’Alexandre Cellier.

On sait aussi qu’il fréquentait Darius Milhaud, auteur de Neuf préludes pour orgue, fruit d’une commande destinée à accompagner L’Annonce faite à Marie de Claudel. Ces préludes furent registrés et créés par Henriette Puig-Roget en 1944. La Complainte de Puig-Roget a elle-même été donnée en première audition par Olivier Messiaen à l’église de la Trinité en 1930.

François Lang côtoyait également Germaine Tailleferre, dont il créa le Concerto pour 2 pianos, 8 voix solistes, quatuor de saxophones et orchestre (1934). Tailleferre lui écrivit 2 cadences pour des concertos de Haydn et Mozart et lui dédia ses Trois études pour 2 pianos. Il est fort probable que Lang suscita chez la compositrice l’écriture de pièces pour orgue et cuivres ou pour orgue seul. Les archives de Royaumont conservent d’ailleurs un manuscrit du Prélude et fugue pour cuivres et orgue de Tailleferre ayant appartenu à François Lang.

La richesse du parcours artistique de Lang combinée au goût sûr et noble d’Henry Goüin a peut-être donné naissance à la commande de ces deux orgues, d’une individualité et d’une esthétique particulière. Concernant l’orgue Gonzalez de l’avenue Milleret-de-Brou, il a trouvé une place tout à fait dans la lignée de certains orgues de salons de cette époque avec lesquels leurs riches et généreux propriétaires (citons la princesse de Polignac, Mme Dujarric de la Rivière ou Mme Flersheim) organisaient de nombreuses auditions publiques mettant en valeur les plus grands organistes du moment (c’est ainsi que les Marchal, Bonnet, Langlais, Litaize, ou Dupré s’y produisirent régulièrement).

C’est à travers un programme riche et rare que la Fondation Royaumont a souhaité illustrer une session d’études et de concerts consacrés à la mise en valeur d’un patrimoine musical encore trop peu mis en lumière.


Dans le cadre du week-end L’orgue c’est un orchestre !
L’histoire de l’orgue Cavaillé-Coll de Royaumont est singulière et sa destination a toujours été éloignée d’une fonction religieuse. Construit pour la villa des Marracci en 1864, il est installé par Henry Goüin et François Lang en 1936 à Royaumont pour lancer une saison de concerts. Louis-Noël Bestion de Camboulas illustrera les mille facettes de l’orgue de salon, autant l’intimité de Fauré ou Debussy que l’extravagance d’un Berlioz ou d’un Liszt, tandis que Jean-Baptiste Robin évoquera l’esprit de Royaumont, lieu de création dès les années 30.

En continu, du 6 au 16 juin


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