4 étudiants de l’EHESS à l’écoute de Don Giovanni

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Cet été, la formation Voix / Unité scénique porte sur le premier acte de Don Giovanni de Mozart. Depuis dimanche, des étudiants de l’EHESS (l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales) prennent des notes et des photos, tandis que de jeunes chanteurs travaillent sous la houlette des metteurs en scène Patrice Caurier et Moshe Leiser. Ils sont quatre à observer les intenses séances de répétitions autour du piano, entre les colonnes de la Bibliothèque Henry et Isabel Goüin : Juliette ReibelCamille El Hounihi-DehaudtMatthieu Conquer et Nicolas Comby, dans l’idée de mettre à profit leurs compétences de recherche au sein du processus de création. L’intérêt est double : nourrir leurs recherches personnelles par l’observation de la production musicale et dramatique, mais aussi permettre à tous les acteurs en présence d’accéder à des outils de travail supplémentaires. Nous leur avons posé quelques questions…

Que font des étudiants de l’EHESS dans cette formation ?

Nous avons ici un statut d’observateurs qui nous permet de mener un travail de recherche très précis et approfondi sur le travail effectué par deux grands metteurs en scène avec de jeunes chanteurs, dans le cadre d’un atelier avant tout pédagogique et ne menant pas à une production concrète. Tous les acteurs de la formation ont un rôle à jouer et il est passionnant d’étudier l’évolution de chacun au contact des autres.
C’est d’autant plus intéressant que nous avons chacun des formations très différentes, ce qui nous permet des observations complémentaires des répétitions, qui aboutiront à la rédaction d’un vrai travail scientifique. Certains d’entre nous se serviront aussi de ce terrain pour leurs travaux de recherches respectifs.

Qu’est-ce que cela vous apporte d’observer d’aussi près des artistes, de manger, vivre avec eux ?

C’est une expérience exceptionnelle ! Et évidemment très enrichissante pour de jeunes chercheurs. Moshe Leiser et Patrice Caurier sont de grands artistes, nous étions tous à la fois très excités et intimidés à l’idée de faire partie de cette aventure à leurs côtés. Ils sont dynamiques, bienveillants, nous ont immédiatement intégrés comme faisant partie de la formation et cela nous permet de mener un vrai travail de fond. De manière générale, l’équipe est très soudée et chacun est au même niveau, c’est très agréable. Nous passons beaucoup de temps les uns avec les autres, toutes les discussions de ces moments conviviaux, même si elles ne sont pas « formelles », sont passionnantes. Cette totale immersion est inespérée, nous pouvons ainsi suivre très précisément les mécanismes des évolutions de chacun, tant pendant que hors répétition. Et humainement, c’est aussi un vrai bonheur… !

Et vous, qu’avez-vous l’impression d’apporter aux artistes ?

Les chanteurs sont souvent demandeurs de nos ressentis sur tel ou tel moment de la journée de travail, de nos impressions sur leur prestation. C’est amusant car ils sont parfois inquiets de n’avoir pas assez donné en répétition, alors que nous voyons bien que leur progression est fulgurante ! Nous avons la sensation que c’est intéressant et important pour eux d’avoir ce regard extérieur, qui ne vient pas d’un public complaisant mais bien de chercheurs attentifs au moindre détail. C’est très inhabituel.
Nous menons aussi un travail de vidéo qui consiste à les filmer en répétition puis à discuter ensuite avec eux de leur séquence lors d’un visionnage commun, ainsi que des interviews dans lesquelles nous les faisons revenir sur certains moments de répétition. Nous les amenons parfois à se questionner sur des points précis qu’ils n’auraient pas forcément relevés de l’intérieur. Mais nous faisons aussi très attention à ne pas les perturber lors de leurs séances de répétition, c’est primordial pour le bon fonctionnement du groupe.

Quel sera le résultat de ce travail ? Nos spectateurs pourront-ils le découvrir prochainement ?

Nous en serions ravis ! Nous avons un matériau de travail très important, des dizaines de pages de notes chaque jour et beaucoup de documents audiovisuels. Dans le cadre de notre travail pour l’EHESS, nous allons rédiger un véritable Journal de bord, relatant toutes les journées de la formation et montrant ainsi l’évolution très précise du projet artistique. Ce sera certainement un moment passionnant pour nous, et tous les chanteurs l’attendent déjà avec impatience !

 


Le parcours des 4 étudiants

Juliette Reibel est étudiante en Master 1 mention Musique à l’EHESS sous la direction de Karine Le Bail et suit parallèlement une formation de chanteuse lyrique au Conservatoire du 7e arrondissement de Paris. Dans le cadre de son mémoire de recherche, elle s’intéresse aux relations et temps de négociations entre chanteurs et metteurs en scène lors du processus de création d’une production opératique.

Camille El Hounihi-Dehaudt est étudiante en Musique à l’EHESS (Master 1) et à l’ENS de Paris (Département d’Histoire et de Théorie des Arts). Elle suit une formation de guitariste classique au Conservatoire de Romans avant de faire des études de littérature. Sous la direction de Jean Duron (CMBV), elle rédige actuellement un mémoire sur les airs en langues étrangères de Charles Tessier et d’Etienne Moulinié.

Nicolas Comby est étudiant en  Master 1 Arts et Langages à l’EHESS et ancien élève du Conservatoire de Bordeaux en art dramatique. Son mémoire de recherche porte sur l’usage de la vidéo dans les mises en scène contemporaines de Hamlet et Richard III.

Matthieu Conquer est étudiant en Master 1 Ethnologie & Anthropologie sociale à l’EHESS, à la suite d’une Khâgne classique à Paris et d’une bi-licence en Lettres-Philosophie à la Sorbonne-Paris IV. Il prépare un mémoire de maîtrise sur le renouveau folklorique amérindien au Canada et Claude Lévi-Strauss, dans le sillage de l’anthropologie néo-structuraliste.