[Financement participatif] Du 2 mai au 2 juin, Royaumont appelle à financer un projet autour de l’orgue

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L’abbaye de Royaumont abrite un orgue classé, conçu en 1864 par le prestigieux facteur Aristide Cavaillé-Coll. L’album Orgue de salon ambitionne de faire connaître une part méconnue de son identité.

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Pendant les trois années de sa résidence à Royaumont, l’organiste Louis-Noël Bestion de Camboulas a exploré les couleurs particulières de l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye. Le jeune musicien lui a réinsufflé l’esprit des salons du XIXe siècle, ressuscitant une époque malheureusement oubliée où l’orgue savait s’exprimer sur un mode chambriste et intimiste. Avant de clore ce chapitre, Louis-Noël Bestion de Camboulas et la Fondation Royaumont souhaitent enregistrer sur le Cavaillé-Coll 10 transcriptions inédites du répertoire pour lequel il a été conçu : les grandes œuvres romantiques et impressionnistes, françaises et allemandes. L’organiste a invité 4 jeunes talents – l’altiste Adrien La Marca (révélation soliste instrumental aux Victoires de la musique classique 2014), le baryton Etienne Bazola et la soprano Eugénie Lefebvre (ses partenaires de l’ensemble Les Surprises), ainsi que la harpiste Lucie Berthomier – à dialoguer avec son instrument. A quelques mois de la fin de sa résidence, le moment est venu de graver un témoignage du passage à l’abbaye d’un musicien d’avenir et de faire connaître au plus grand nombre les véritables couleurs d’un instrument classé mais inclassable

Aidez-nous à enregistrer cet album que Louis-Noël Bestion de Camboulas appelle justement « un portrait musical de l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye » !

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L’opération en vidéos :


Retrouvez également Louis-Noel Bestion de Camboulas, Eugénie Lefebvre et Lucie Berthomier, le 23 septembre 2018 au Festival de Royaumont.


La campagne en détails

Louis-Noël Bestion de Camboulas, un organiste hors norme

Tout semble réussir à ce jeune musicien ! Il n’a pas encore 30 ans et est déjà un organiste reconnu. Lauréat de concours internationaux, il dirige d’une main décidée les Surprises, un ensemble qui relie avec élégance Rameau, Destouches et Delalande, défriche le répertoire romantique de l’orgue, joue des oeuvres contemporaines signées Reich, Osokawa ou Ligeti et conseille le Festival Baroque de Pontoise. 
Louis-Noël Bestion de Camboulas a étudié l’orgue, le clavecin, la musique de chambre et la direction aux conservatoires supérieurs de Lyon et Paris. Il a notamment reçu l’enseignement de Louis Robilliard, Willem Jansen, Michel Bourcier, Nicolas Brochot, François Espinasse, Yves Rechsteiner, Olivier Baumont et Blandine Rannou.
Lauréat de plusieurs concours internationaux (Grand-prix d’orgue Jean-Louis Florentz Académie des Beaux-Arts en 2009, puis premier prix décerné à l’unanimité du Concours d’orgue Gottfried Silbermann de Freiberg (Allemagne) en 2011, premier prix du prestigieux concours Xavier Darasse de Toulouse en 2013…), il s’est produit en solo ou avec choeur et orchestre à travers l’Europe.
À l’invitation de la Fondation Royaumont, Louis-Noël Bestion de Camboulas est depuis 2015 et jusqu’à la fin de l’année « artiste en résidence » à l’abbaye de Royaumont en tant qu’organiste.

Le Cavaillé-Coll de l’abbaye et l’esprit des salons

Rien ne destinait l’abbaye cistercienne de Royaumont à accueillir dans le réfectoire des moines cet orgue de salon, si ce n’est la passion de l’orgue partagée par Henry Goüin et son beau-frère, le pianiste François Lang. Héritier de l’abbaye, directeur de la compagnie des Batignolles, mélomane accompli, notamment membre de la Revue Musicale, Henry Goüin a eu l’idée de créer une Saison musicale dès 1936 à Royaumont.
La musique à Royaumont ne pouvait s’envisager sans un orgue, instrument au coeur de la culture musicale des Goüin et de la formation musicale de François Lang au Conservatoire de Paris auprès notamment de Marcel Dupré. Henry Goüin et François Lang n’ont donc pas hésité une seconde lorsqu’ils ont eu l’opportunité d’acquérir un instrument d’Aristide Cavaillé-Coll. Le célèbre facteur, l’un des plus importants du XIXe siècle, avait conçu cet orgue de 32 pieds, 3 claviers et 44 jeux réels en 1864, pour la villa d’André Marracci, située à
Cologny, petite commune suisse sur les bords du lac Léman.
Monsieur Marracci, le commanditaire de cet orgue, était un grand bourgeois de Lille qui avait réussi dans les filatures. Doté d’une éducation musicale peu commune, il jouait du piano, de l’orgue et composait. Il était donc un parfait représentant d’une tradition alors florissante, celle de l’orgue de salon. Le XIXe siècle a en effet vu se multiplier les salons d’artistes (tel celui de la cantatrice Pauline Viardot, amie de Chopin et de George Sand), mais aussi d’industriels ou de banquiers aristocrates (comme le baron Albert de L’Espée, qui jouait chez lui des transcriptions de Wagner, ou le baron d’Erlanger, qui invitait la noblesse allemande à écouter à son domicile de la rue Taitbout l’organiste virtuose Charles-Marie Widor). Les grandes symphonies, les arias les plus applaudies y étaient réinventées sur un mode chambriste et intime. L’orgue faisait partie dans les milieux aisés de cette nouvelle forme de sociabilité, au même titre que le piano. Les Goüin en avaient d’ailleurs commandé un en 1933 au facteur Victor Gonzalez pour leur hôtel particulier du seizième arrondissement.

Un orgue classé mais inclassable

C’est en 1989 que l’organiste et compositeur français Xavier Darasse, figure incontournable du monde de l’orgue, directeur du Conservatoire de Paris et fondateur du Festival Toulouse Les Orgues, s’est penché sur l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye. Il a aussitôt décidé de le faire classer au titre des monuments historiques et prodigué de précieux conseils pour qu’il retrouve ses couleurs initiales. L’instrument a fait l’objet d’une importante restauration de 2002 à 2007, menée par Laurent Plet pour la mécanique et l’harmonisation et par Yves Koenig pour la création d’un buffet de style néogothique. Mais il faudra attendre la résidence de Louis-Noël Bestion de Camboulas pour qu’à partir de 2015, y souffle à nouveau l’esprit des salons du XIXe siècle et du début du XXe. 
Cet orgue qui impressionne, avec son buffet de chêne clair sur le flanc de la plus belle salle gothique de l’abbaye, est en effet un instrument délicat, doté d’un son raffiné. Quand les orgues de la plupart des églises, en quête d’une puissance homogène, dessinent de grandes lignes de son, celui de Royaumont peut s’enorgueillir d’une diversité de timbres que l’on trouve rarement ailleurs. « Plus opératique », pour reprendre les mots de Joris Verdin, il est l’instrument idéal pour évoquer une soirée chez les Marracci ou les Barons d’Erlanger ou de L’Espée, en convoquant, autour de l’orgue, un altiste, un baryton, une soprano, une harpiste et des transcriptions de Liszt, Fauré, Pierné, Paladilhe, Wolf, Reger, Lili et Nadia Boulanger, Debussy, Ravel…

Le fruit de trois ans de travail

L’essentiel de la résidence de Louis-Noël Bestion de Camboulas a été consacré à sa rencontre avec cet orgue de salon, à l’exploration de ses couleurs particulières.
Dès son arrivée à l’abbaye, début 2015, il a fait sienne la fameuse exclamation de César Franck, « Mon orgue, c’est un orchestre ! », et a invité l’altiste Adrien La Marca à jouer en sa compagnie des transcriptions d’oeuvres de Franz Liszt, Richard Wagner, Hector Berlioz et Felix Mendelsshon. Il a également convié le baryton Etienne Bazola à chanter aux côtés de l’orgue des mélodies de Gabriel Fauré, Claude Debussy, Henri Duparc, Gabriel Pierné et Émile Paladilhe. Ces deux rencontres ont donné lieu à de mémorables concerts du Festival de
Royaumont 2015, démonstration éclatante de la capacité de cet orgue à converser avec des solistes.
Pendant sa résidence à Royaumont, Louis-Noël Bestion de Camboulas s’est principalement attaché au répertoire pour lequel cet orgue a été conçu : l’adaptation des grandes oeuvres romantiques et impressionnistes, françaises et allemandes, entre 1860 et 1918. La majeure partie de ses oeuvres figurent au catalogue de la Bibliothèque musicale François-Lang de Royaumont, dans des versions souvent rares, parfois manuscrites. Louis-Noël Bestion de Camboulas a passé de nombreuses journées entre les colonnes de ce lieu de
travail dédié aux artistes et aux chercheurs afin d’en écrire des transcriptions pour orgue.
Elles lui servent à nouveau en 2018 pour le projet qu’il élabore à Royaumont avec la soprano Eugénie Lefebvre et la harpiste Lucie Berthomier à propos de la Grande Guerre (oeuvres de Lili et Nadia Boulanger, Maurice Ravel, Claude Debussy, Joseph Jongen et Max Reger).

Enregistrer pour transmettre

Avant que ne s’achève sa résidence, la Fondation Royaumont souhaite donner la possibilité à Louis-Noël Bestion de Camboulas d’enregistrer dans le réfectoire des moines un disque qui laissera un témoignage de ces trois années de recherche.
Destiné au label Harmonia Nova, la filiale d’Harmonia Mundi qui met en valeur les jeunes talents, il réunira les quatre principaux témoins de ses expérimentations autour de l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye : l’altiste Adrien La Marca, le baryton Etienne Bazola, la soprano Eugénie Lefebvre et la harpiste Lucie Berthomier. Riche de 10 transcriptions inédites, il reprendra l’essentiel de trois programmes créés ou en cours de création : Harold le Fantastique (2015), projet de rencontre entre l’alto et l’orgue, centré sur le visage de Franz Liszt, L’invitation au voyage (2015), centré sur la mélodie française, et Souvenirs 1918 (2018), ensemble d’oeuvres méditatives, par moments tourmentées, de musiciens français et allemands qui ont connu la Grande Guerre. Louis-Noël y ajoutera quelques partitions pour orgue seul qu’il a jouées à de nombreuses reprises lors de ses journées de résidence à Royaumont.
Enregistrées par l’ingénieur du son Alban Moraud, également directeur artistique d’Harmonia Nova, cette invitation dans l’intimité du salon incarné par Royaumont sera un témoignage capital sur le travail à l’abbaye d’un musicien d’avenir, un précieux relevé de transcriptions inédites pour orgue et, selon les mots de Louis-Noël, « un portrait musical de l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye ».

Avec et pour le plus grand nombre

En 2017, pour sa première campagne de financement participatif, la Fondation Royaumont a reçu le soutien de 140 internautes, qui ont contribué à la restauration de traités musicaux et de partitions des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, conservées à la Bibliothèque musicale François-Lang de Royaumont.
La Fondation renouvelle l’expérience sur la plate-forme de dons Dartagnans. Du 2 mai au 2 juin, Royaumont sollicitera à travers elle des internautes du monde entier pour réunir les 9 000 euros que nécessite l’enregistrement (cachets et frais techniques).
Outre une déduction fiscale de 66 % (dans la limite de 20 % du revenu imposable), les contreparties offertes aux donateurs iront d’une mention du nom du donateur sur la page dédiée du site web et dans le livret du disque à un bouquet complet, comprenant notamment le disque, des places de concert, des nuits à l’abbaye…
Grâce aux donateurs, les trois années qu’a passées Louis-Noël Bestion de Camboulas à inventorier toutes les possibilités de l’orgue Cavaillé-Coll et à concevoir un nouveau répertoire pour cet instrument pourront laisser une trace durable. Au travers de ce soutien du public, la Fondation sera en mesure de partager et transmettre les fruits d’une recherche d’intérêt définitivement public.