Festival Pianos,Pianos : zoom sur les pianos d’époque romantique

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Le festival Pianos, pianos, que la Médiathèque Musicale Mahler et le Théâtre des Bouffes du Nord co-organisent les 16 et 17 décembre 2018,  sera l’occasion de porter une attention toute particulière à la qualité des instruments. Les pianos historiques, en particulier, seront présentés dans un état de conservation et de restauration exceptionnel. Notamment les deux pianos français (de 1823 et 1842) et le piano viennois (de 1847) sur lesquels joueront Edoardo Torbianelli, Benjamin d’Anfray, Laura Fernandez Granero et Luca Montebugnoli.

Plus d’informations sur le piano
Carré Payen 1823 collection Lucie de St Vincent
Queue Pleyel 1842 collection Edwin Beunk
Queue Streicher 1847 collection La Nouvelle Athènes

Piano carré Auguste Payen 1823 N.14 (6 octaves Fa – fa), Paris 1823

Mécanique française double-pilote, garnitures des marteaux en peaux
4 pédales : luth, forte, céleste (FF-d3), basson (FF-c1), bi-cordes
Collection Lucie de Saint-Vincent

A écouter à l’occasion du concert du dimanche 16 décembre, 15h

Ce piano carré Auguste Payen de 1823 est représentatif de la facture et de l’esthétique française. Il est l’un des derniers pianos réalisés selon le modèle Premier Empire, avec une mécanique double-pilote. Il possède quatre jeux différenciés – luth, céleste, forte, basson – qui permettent au pianiste de varier les effets sonores.
Ce piano carré est un outil exceptionnel pour redécouvrir le vaste répertoire pianistique du Premier Empire, encore en grande partie méconnu. La multiplicité des registres sonores de l’instrument permet notamment de remettre à jour le goût pour le pittoresque et les expérimentations de timbre et de couleur, propres aux œuvres des grands pianistes « parisiens », français et non, de l’époque, tel que Dussek, Steibelt, Louis Adam, Hélène de Montgeroult, Hyacinthe Jadin

L´histoire de ce piano est assez mystérieuse. Il a été d’abord restauré par Christopher Clarke, a appartenu à Jean-Marc Touron, à qui Lucie de Saint-Vincent l’a acheté. Il a été restauré à nouveau en 2014 par Matthieu Vion. Il existe peu d’éléments sur le facteur Auguste Payen et il ne reste pas d´instruments similaires. Au travers de cet instrument, Auguste Payen a pris part à l’effervescence de la facture de pianos du début du XIXe siècle qui comptait – autour de facteurs connus tels Erard, Pleyel, Pape – des centaines de facteurs répartis à travers la France.

Piano à queue Johann Baptist Streicher, n°4032, Vienne 1847

Caisse en acajou, 7 octaves La – la, tri-cordes, mécanique viennoise, garniture des marteaux en cuir
Deux pédales : una corda, forte
Collection La Nouvelle Athènes – Centre des pianos romantiques

A écouter à l’occasion du concert du dimanche 16 décembre, 19h

Johann Baptist Streicher était  – avec Conrad Graf jusqu’en1841 – le facteur de pianos le plus illustre de Vienne. Il a inventé plusieurs types d’instruments avec des mécaniques anglaises, des mécaniques anglo-viennoises, en frappant les cordes par au-dessus.
Johann Baptist Streicher était le fils des facteurs Andreas et Nanette Streicher, elle même fille de Johan Andreas Stein d’Augsbourg, dont les premiers pianofortes séduisirent Mozart.

Piano à queue Pleyel n° 9648, 1842. 6 1/2 octaves do sol, Paris 1842

Caisse en acajou avec bronze, tri-cordes, mécanique anglaise à échappement simple, garniture des marteaux en feutre et cuir
Deux pédales : una corda, forte
Collection Edwin Beunk

A écouter à l’occasion du concert du lundi 17 décembre, 20h30

Ce piano Pleyel de 1842 illustre la collaboration de Frédéric Chopin et Camille Pleyel, le fils du fondateur de la marque, Ignace Pleyel. Il permet de jouer l’intégralité de l’oeuvre du compositeur.

Ignace Pleyel (1757-1831) est né en Ruppersthal (Basse-Autriche). Il a étudié avec Joseph Haydn et selon le « Morning Herald » de Londres (1791), devint encore plus populaire que son maître. Il vécut à Strasbourg à partir de 1783 et vint à Paris en 1795. En 1797, il fonda la maison d’édition de musique Pleyel, qui, au fil de son histoire, publia plus de 4 000 œuvres de compositeurs tels que Luigi Boccherini, Ludwig Van Beethoven, Muzio Clementi, Johann-Nepomuk Hummel, Friedrich Kalkbrenner et Frédéric Chopin.

Ignace commença la fabrication des pianos « Pleyel » en 1805 à l’âge de 48 ans.  Il prit sa retraite en 1824 et passa les rênes à son talentueux fils, Camille. Ce dernier poursuivit le développement de l’instrument, en coopération avec le pianiste virtuose Kalkbrenner. Camille lui-même était, aux dires de Chopin, un excellent interprète de Mozart.

Quand Chopin arrive à Paris en 1831, il qualifie les pianos Pleyel de « nec plus ultra ». Liszt décrit le son de l’instrument Pleyel qui appartenait à Chopin comme « le mariage du verre et de l’eau ». « Quand je suis mal disposé, je joue un piano Erard et j’y trouve facilement un son tout fait ; mais quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son, il me faut un piano Pleyel » avouait Frédéric Chopin.

« Son appartement, envahi par surprise, n’était éclairé que de quelques bougies, réunies autour d’un de ces pianos de Pleyel qu’il affectionnait tant à cause de leur sonorité argentine légèrement voilée, et de leur toucher facile, qui lui permettait d’en tirer des sons qu’on eût cru appartenir à un de ces harmonicas dont la romanesque Allemagne conservait le monopole et que ses anciens maîtres construisaient si ingénieusement, en mariant le cristal et l’eau » Chopin raconté par Liszt (1ère édition, 1852).