« Sonances et danses du Cameroun » : Merlin Nyakam fait tanguer Gonesse

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Le chorégraphe Merlin Nyakam réunit en ce moment des élèves du collège François Truffaut de la ville de Gonesse, des percussionnistes et des danseurs amateurs et une centaine d’habitants de la ville autour d’un projet né à Royaumont, « Sonances et danses du Cameroun ».

Petit retour en arrière… En 2017, pour sa dernière année de résidence à l’abbaye de Royaumont, le flûtiste Magic Malik avait choisi, en souvenir d’amicales discussions avec feu Frédéric Deval, d’aller à la rencontre de la flûte peul. Lui qui est né à Abidjan, en Côte d’Ivoire, mais a grandi en Guadeloupe et a fait l’essentiel de ses études et de sa carrière en France métropolitaine s’est choisi pour ce projet un partenaire tout autant qu’un guide en la personne de Hilaire Penda. Figure clé de la scène afro-parisienne, le bassiste lui a effectivement proposé de travailler avec un flûtiste, Dramane Dembélé, également joueur de kora et de ngoni. L’équipe a vite été complétée par le percussionniste William Ombé et le danseur et chorégraphe Merlin Nyakam.

Tous ensemble, lors d’une fructueuse résidence d’été à l’abbaye, ils ont conçu un spectacle centré sur les musiques camerounaises, leurs vibrations et leur diversité, leur capacité à ouvrir le dialogue aussi, comme peuvent dialoguer les flûtes de Malik et de Dramane. La première, le samedi 2 septembre, au Festival de Royaumont, a été un succès mémorable : des dizaines de spectateurs se sont mis à danser parmi les ruines de l’abbatiale.


Derrière Merlin Nyakam, l’équipe originelle : William Ombé, Hilaire Penda, Magic Malik et Dramane Dembélé

Hélas, le 5 novembre 2018, Hilaire Penda s’en est allé, à seulement 58 ans. Le compagnon de scène de Mory Kante, Salif Keita, John Scofield, Angélique Kidjo, Susheela Raman, Bootsy Collins ou Rokia Traoré, l’infatigable animateur de sessions d’improvisation qui donnaient une chance à chacun, le militant de la diversité culturelle a été longuement pleuré. Montreuil, sa ville d’adoption, lui a rendu hommage, comme de nombreux médias (1).


Hilaire Penda lors de la création, le 2 septembre 2017

Ultime hommage : le projet « Sonances et danses du Cameroun » a perduré. Avec l’aide du bassiste Zaf Zapha, des concerts ont été donnés à Saint-Ouen, dans le cadre du festival Jazz au fil de l’Oise, et à Vauréal, au sein de la programmation de la Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise. Un autre aura lieu le 28 mars à Gonesse, dans le cadre de la convention de partenariat culturel qui lie depuis longtemps la ville et la Fondation (2), sous les couleurs du festival Banlieues Bleues. La première partie sera assurée par des habitants de la ville, sous une forme chorégraphiée par Merlin Nyakam.

Pour cela, le chorégraphe anime les 5, 6 et 7 mars des soirées de formations d’adolescents et d’adultes au centre Marc Sangnier. Le 23 mars, son intervention dans ce centre social prend même la forme d’un atelier « danse et cuisine du Cameroun ». Le 25, il intervient au collège François Truffaut, un établissement déjà rodé aux collaborations avec la Fondation Royaumont, puisqu’il a accueilli par le passé la Camera delle Lacrime, Sécession Orchestra, l’ensemble Dialogos…

Au total, ce sont près de 200 habitants de Gonesse qui s’impliquent dans ce projet soutenu par la Caisse d’Epargne Ile-de-France.   

(1) Lire à ce sujet les articles de RFI, L’Humanité…

(2) Lire à ce sujet, par exemple, les comptes-rendus du concert de Secession Orchestra et de « L’opéra aux enfants ».

Photos : Youri Lenquette (sauf celle de Hilaire Penda, prise par Samuel Guérin)


La Caisse d’Epargne Ile-de-France, mécène de Royaumont depuis 27 ans, soutient les parcours d’accès à la culture pour les jeunes d’Ile-de-France.