Les maîtres charpentiers qui ont travaillé à Royaumont au XIIIe siècle ont doté l’abbaye d’une ossature si solide que certaines des poutres posées au Moyen Âge sont encore en place. Cette salle juchée au sommet du bâtiment des latrines permet d’admirer une partie de cet admirable enchevêtrement de madriers. Des dalles de verre montrent également le canal qui s’écoule au-dessous.
Mais ce sont surtout des musiciens et des danseurs que le public vient d’ordinaire voir dans ce vaste espace dénué de colonnes.
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C’est dans cette salle haute, installée au-dessus d’un canal transversal et accessible depuis l’ancien dortoir des moines, que se trouvaient jadis les latrines médiévales. Soigneusement restaurée en 1992-1993, elle accueille désormais des activités artistiques – sa configuration sans colonnes, rare dans l’abbaye, la rend particulièrement propice aux activités chorégraphiques – ainsi que des séminaires d’entreprise.
Les vestiges lisibles sur les murs témoignent du caractère original et monumental de ces latrines collectives, disposées dos à dos au-dessus du canal qui faisait office d’égout. Les nombreux bois du XIIIe siècle réemployés dans la charpente actuelle révèlent le caractère également exceptionnel du couvrement de cette salle qui comportait deux voûtes lambrissées mitoyennes retombant, au centre de la salle, sur des supports intégrés aux sièges des latrines. Cette structure charpentée, d’une grande complexité technique, se justifiait par la difficulté de construire une voûte en bois d’une portée de plus de 16 mètres. À l’origine, les murs étaient recouverts d’un décor peint, en forme de faux appareillages en traits rouges sur fond blanc, encore partiellement visible sur le pignon, avec des bandeaux soulignant le tracé de la voûte lambrissée.
La diminution du nombre des moines conduisit, probablement au cours du XVIIe siècle, à une modification des usages et des espaces intérieurs dans le bâtiment. En 1725, la charpente médiévale fut démontée et remplacée par celle que l’on voit aujourd’hui. Il est probable que les latrines collectives aient alors laissé place à un dispositif plus réduit et que cette salle, dont les fenêtres ont été agrandies, ait acquis un usage résidentiel.
Au XIXe siècle, lors de la période industrielle, le bâtiment est essentiellement dévolu aux activités de blanchisserie, puis de teinturerie, et lorsque les religieuses rachètent l’abbaye il est dans un état de dégradation avancé. Elles y installeront des ateliers et réserves mais le laisseront en l’état, et ce n’est qu’à partir des années 1960 que le bâtiment sera progressivement réhabilité, avant de bénéficier d’une restauration complète, au début des années 1990.