Insectes, oiseaux, champignons… Les secrets du Potager-Jardin de Royaumont

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En mai et juin, une série de rendez-vous (voir l’agenda) donne aux visiteurs les clés de l’espace conçu par les paysagistes Astrid Verspieren et Philippe Simonnet.

Justine Marin et Fabrice Clément, les jardiniers qui entretiennent le Potager-Jardin de l’abbaye de Royaumont, s’inspirent de la permaculture. Leur travail est basé sur l’observation et le très long terme et vise la résilience du jardin. Les paysagistes qui l’ont conçu ne souhaitaient en effet ni arrosage, ni ajout d’engrais, de pesticide ou de fongicide. Les plantes ne se nourrissent donc que de ce que les éléments leur apportent : pluie, soleil, composants organiques apportés par le vent et les autres acteurs de leur environnement…

Si ce jardin a un secret, il est probablement caché dans le sol. Là, loin des yeux des visiteurs, se développe un écosystème aussi riche que complexe, dont les scientifiques commencent à peine à mesurer l’importance. Les racines des plantes communiquent avec ce qui les entoure et entrent en symbiose avec des bactéries, des champignons… Les animaux font également partie de ce cycle. Chacun à leur tour, ils décomposent la matière organique (feuilles mortes, bribes de bois…). Le petit rongeur grignote les plus gros morceaux, le scarabée se nourrit des restes et produit des composants encore plus petits, le ver de terre les dissémine dans le sol, avant que la bactérie ou le champignon ne désagrègent les dernières molécules. Aucune plante ne saurait aller chercher ces éléments seule. La végétation a besoin de ce chapelet d’intervenants pour que sa nourriture soit prédigérée, pour qu’elle puisse l’assimiler et grandir.

Les insectes volants servent, eux, à la reproduction. Les jardiniers remarquent d’ailleurs une amusante coévolution : certaines plantes ont adapté leur fleur à la forme d’insectes qu’elles savent très bons pollinisateurs. C’est le symbole d’une relation d’entraide qui s’est formée au fil des années. Ces insectes sont également une source de nourriture pour les oiseaux, qui, eux aussi, vont aider les plantes en propageant des graines, participant ainsi à la reproduction sur de plus grandes distances que les insectes.

C’est pour eux que la prairie qui borde le Potager-Jardin n’est pas fauchée, parce qu’elle constitue un gigantesque hôtel à insectes. Doryphores, libellules, sauterelles, charançons et autres hannetons peuvent s’y nourrir. De nombreux oiseaux nichent d’ailleurs là, à même le sol. La prairie n’est donc fauchée qu’en octobre, lorsque les jardiniers ont constaté que les derniers oiseaux ont terminé leur cycle de reproduction. Cette zone qui étonne parfois les visiteurs par son caractère désordonné a donc son utilité : partout, les vergers qui choisissent de conserver une prairie de ce type voient leur production augmenter.

Le temps qu’ils ne passent pas à tondre, les jardiniers l’occupent à sélectionner les plantes qui doivent être gardées et à écarter les autres. Au Potager-Jardin, ils désherbent peu. Certaines plantes doivent cependant être retirées, parce qu’elles nuisent à leurs voisines. D’autres sont conservées alors qu’elles ne présentent pas d’atout alimentaire immédiat, simplement parce que les jardiniers savent qu’elles intéressent tel ou tel pollinisateur ou qu’elles ont l’avantage de couvrir le sol. Au fond, les jardiniers jouent souvent un rôle d’arbitre, observant l’écosystème qu’ils gèrent, à l’affut d’éventuels déséquilibres. Si, par exemple, une espèce de chenille semble trop conquérante, ils font en sorte que la mésange vienne s’en régaler, en lui installant des nichoirs. Ils surveillent les pucerons et régulent leur présence grâce aux coccinelles basées dans la prairie. Finalement, les jardiniers qui prennent soin du Potager-Jardin ne cessent de se demander à quel moment ils doivent intervenir, à quel moment l’harmonie règne dans leurs carrés, à quel moment il faut aider l’écosystème à la retrouver…

Venez les écouter en parler, c’est passionnant !


Agenda « jardins » mai / juin 2019 :

Dimanche 5 mai 2019, 15h
Visite enrichie :
L’écosystème du Potager-Jardin
avec Justine Marin, chef jardinier-maraîcher
Comment favorise-t-on la coopération au jardin ? Venez découvrir pourquoi au Potager-Jardin certaines plantes sont associées, certains oiseaux logés…

Dimanche 9 juin 2019, 11h
Atelier enfants de 6 à 12 ans, dans le cadre des Rendez-vous aux jardins :
Les insectes, auxiliaires du jardinier
avec Caroline Picque, animatrice entomologique de l’OPIE
Le Potager-Jardin de Royaumont fourmille d’insectes ! Cet atelier unique propose une découverte approfondie de ces « petites bêtes » lors d’une balade à travers le jardin avant de passer à la réalisation d’un insecte factice à base d’éléments végétaux.

Dimanche 9 juin 2019, 15h
Conversation au jardin, dans le cadre des Rendez-vous aux jardins :
Partageons nos connaissances : les insectes dans la prairie
avec Caroline Picque, animatrice en entomologie pour l’OPIE, et Justine Marin, chef jardinier-maraîcher
Démonstration d’un protocole d’envergure national mis en place par le Musée National d’Histoire Naturelle, qui permet d’étudier les insectes pollinisateurs dans la prairie.