Rapport d’activités : en 2022, les exigences et le rayonnement de Royaumont se sont réaffirmés

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L’année 2022 est la quatrième année d’exécution du contrat d’objectifs et de moyens (2019-2024) passé avec l’Etat, la Région d’Ile-de-France et le Département du Val d’Oise. Après la nette reprise d’activités observée en 2021 à la suite du coup d’arrêt de 2020, 2022 aura permis à la Fondation Royaumont de retrouver le niveau des ambitions fixées par ce contrat : il s’agit en effet, en termes de productions d’activités et de moyens qui leur ont été consacrés, de la plus grosse année de l’actuel contrat d’objectifs. On retrouve pratiquement en 2022 le niveau d’activités de 2017, année d’exploitation de l’abbaye en année pleine après le chantier de 2016.

Aux côtés des artistes

Plus précisément, les principaux éléments à retenir de l’année 2022 peuvent se résumer de la manière suivante : l’accueil et l’accompagnement des artistes et des chercheurs dans le cadre de nos programmes propres (après les années  2020 et 2021 où Royaumont a accueilli plus de 200 artistes qui cherchaient un toit pour se retrouver et préparer l’avenir) a été conforté à travers nos différents dispositifs :

  • ateliers de formation professionnelle (12 ateliers ont accueilli 100 jeunes professionnels),
  • ateliers de formation avec insertion professionnelle (7 ateliers pour 56 artistes),
  • résidences d’ensembles (1) et d’artistes (4),
  • incubateur (15 projets accueillis),
  • résidences de création (10),
  • séjours à la Bibliothèque musicale François-Lang (162 artistes et chercheurs accueillis).

Au total, 495 artistes, chanteurs, instrumentistes, compositeurs, chorégraphes, danseurs, chercheurs en sciences humaines auront été accueillis en séjour à l’abbaye en 2022.

Du côté des ensembles et artistes en résidence, après le départ des Métaboles (direction : Léo Warynski) fin 2021, le Consort a effectué sa dernière année de résidence en 2022. On soulignera qu’ils ont été impliqués dans plusieurs projets participatifs ou en direction des enfants : « Les Pontikis », créé à l’Opéra-Comique sur une proposition du Ministère de l’Education Nationale, « La Fontaine en musique » pour la Communauté d’agglomération Roissy Pays de France, tandis que le dernier concert de leur résidence, après un début en octobre 2020 devant une salle vide (mais diffusé en direct !), a connu un succès triomphal, avec la mezzo Eva Zaïcik, le 11 septembre dernier.

Concernant les artistes, 2 d’entre eux achevaient leur résidence en 2022 : Thomas Lacôte et Jean-Luc Ho. Marie Ythier, Johanna Vargas, Naïssam Jallal et Jocelyn Mienniel poursuivent la leur. On notera qu’à l’exception de Jean-Luc Ho, étroitement associé aux activités de la BmFL, les 5 autres résidents ont été activement impliqués dans les programmes de création du Pôle Création musicale.

On soulignera également que chacun des 10 lauréats de l’Académie Voix Nouvelles bénéficie désormais d’une commande, qui donne lieu ensuite à une création, à Royaumont, à la BLGF ou dans un autre cadre. On notera entre autres la commande passée conjointement par la BmFL et la BLGF au compositeur français Théo Merigeau pour l’orchestre Les Siècles qui la créera le 9 septembre prochain en ouverture du Festival, avant de la faire tourner.

A mentionner également l’implication accrue des « Bibliothèques Royaumont » dans les programmes de formation du Pôle Voix et répertoire, notamment l’atelier « Opéra en bibliothèque : les opéras de Rameau » avec Véronique Gens et Louis-Noel Bestion de Camboulas (BmFL) et l’atelier « Le répertoire de piano de Haydn à Ligeti » avec Alain Planès et Ralph Van Raat (BmFL + BLGF).

Les instruments disponibles pour les claviéristes se sont substantiellement enrichis en 2022, avec le don d’un clavecin d’Anthony Sidey reçu de Claude Bernard, et le dépôt de deux pianos d’Alain Planès, un Broadwood de 1822 et un Pleyel de 1836.

Du côté de la danse, le Pôle Création chorégraphique a fait monter en puissance son offre de résidences de création, avec par moins de douze collectifs ou compagnies accueillis (dont 6 au titre de l’incubateur). Quatre de ces projets de création ont ensuite été présentés dans le cadre du Festival de Royaumont et un cinquième dans le cadre des Dimanches à Royaumont. Parmi ceux-ci, une remarquable création pour le jeune public, « Main dans la main » (Edmond Russo & Shlomi Tuizer), et la suite d’une résidence proposée avec la Scène nationale Points communs (Volmir Cordeiro).

Il faut également souligner le succès croissant du programme « Incubateur », programme pluridisciplinaire permettant à des groupes d’artistes de concevoir et expérimenter un projet avant sa mise en production.

Cette année, 15 projets ont été accueillis, totalisant 409 journées x artistes (180 en 2019). Il a été décidé de formaliser davantage le processus de sélection à travers un appel à projets annuel et une audition des candidats présélectionnés fin juin. Pour 2023, plus de 70 dossiers ont été reçus et sélectionnés fin juin 22 (220 dossiers ont été reçus pour 2024…). La majorité de ces projets sont ensuite produits et diffusés.

L’accueil et la sensibilisation des jeunes

Après les 2 années complexes vécues en 2020 et 2021, les programmes conçus sur mesure et proposés aux jeunes de notre territoire, de même que l’accueil d’enfants et d’adolescents à l’abbaye en visites et en ateliers ont retrouvé un niveau proche de celui de 2019.

Statistiquement, 8 183 jeunes ont bénéficié en 2022 de classes en résidence (4 classes), d’ateliers d’éveil à la musique, à la danse, au patrimoine et à la botanique (388 ateliers), ont assisté à des spectacles éducatifs, en très forte progression (14 pour 1 113 jeunes au lieu de 7 pour 609 jeunes en 2019), ont été impliqués dans des projets destinés à des collégien et lycéens, soit 8 projets pour 1 408 jeunes de 7 lycées franciliens (dans le cadre du CREAC) et de collèges de la Communauté d’agglomération Roissy Pays-de-France.

Au total, ces 8 183 jeunes (4 641 en 21, 10 271 en 19) sont venus à 55% du Val d’Oise et à 23% des hauts-de France.

On observe en 2022 une beaucoup plus forte proportion d’accueil de centres de loisirs (52 ateliers pour 670 jeunes, contre 12 pour 184 jeunes en 2019), tandis que, du côté des primaires, l’accueil d’écoles de la Communauté de communes Carnelle Pays de France retrouve son niveau de 2021 et double par rapport à 2019 (1.175 enfants accueillis dans ce dispositif pour 1.170 en 2021 et 420 en 2019).

Les groupes « jeune public » accueillis en visite n‘ont pas encore retrouvé les niveaux de 2019, avec 13.872 jeunes d’établissements scolaires et centre de loisirs (6.667 en 2021 19.408 en 2019), mais la proportion de ceux qui prolongent la visite par un atelier de sensibilisation progresse (40% en 2022 37% en 2019).

Deux projets participatifs méritent d’être mentionnés en particulier : le projet «  A la croisée des voies » inscrit dans le dispositif  « En scène » du Conseil départemental du Val d’Oise et ayant impliqué 76 élèves de conservatoires du secteur de Taverny, Franconville, et le projet «  Les Pontikis », montés à l’initiative de la DGSCO du ministère de l’éducation nationale, en partenariat avec l’opéra-comique et la Fondation des Treilles à Villecroze. Brillamment lancé à l’opéra-comique devant des milliers d’enfants, après un stage d’enseignants organisé à Royaumont, il est repris depuis la rentrée 22 par 4 classes de Beaumont, Goussainville, Argenteuil et Gonesse pour un aboutissement en juin 23.

On soulignera enfin l’articulation de plus en plus systématique des projets portés par l’action territoriale avec les artistes accompagnés par les pôles artistiques.

La diffusion culturelle

La diffusion culturelle sur le site de l’abbaye retrouve ses équilibres : 73 manifestations publiques ont été programmées, soit 26 dans le cadre du festival, 29 au titre des Dimanches à Royaumont, et 18 lors de Fenêtres sur cour[s]. Le nombre global de spectateurs progresse, passant de 6 282 en 2019 à 7 436 en 2022, avec une forte montée en puissance des Dimanches, issus de l’Eté culturel initié en 2020 par le Ministère de la culture et la DRAC Ile-de-France.

Les spectateurs val-d’oisiens représentent 44% du public, les Franciliens 75%.

On soulignera que le Festival 2022 (et dans une moindre mesure les Dimanches à Royaumont) a accordé une place sensiblement renforcée à la création, musicale et chorégraphique : 24 œuvres nouvelles ont été proposées au public. La part de la danse a été également élargie, présente pendant les 4 premiers week-ends du Festival, dans un équilibre entre pièces de référence du répertoire contemporain (So Schnell de Dominique Bagouet) et créations de jeunes chorégraphes préalablement reçus en résidence à l’abbaye.

Le Festival 2022 s’inscrit également dans cette mise en perspective du projet de Royaumont sur les années 2022, 2023 et 2024 en y convoquant des ensembles et des artistes qui ont marqué l’histoire de la Fondation au cours des 45 dernières années.

Nous y avons reçu les Percussions de Strasbourg, le Caravansérail, l’ensemble Organum, 3 ensembles dont les résidences à la Fondation ont marqué son projet, les chanteurs Eva Zaïcik, Elsa Dreisig, Véronique Gens également accompagnées à leurs débuts par Royaumont.

Par ailleurs 9 spectacles ont été captés et diffusés en direct sur Facebook et YouTube. À la mi-décembre 2022, ces diffusions (y compris celles de 2021) avaient cumulé 205 000 vues.

Mais le fait le plus marquant en 2022 est assurément la reprise de la diffusion hors les murs, concourant à la valorisation des artistes que nous soutenons et à la diffusion de leurs projets préparés à l’abbaye, mais aussi contribuant au rayonnement de la Fondation Royaumont : 54 représentations ont ainsi eu lieu hors de l’abbaye (47 en 2019, 4 en 2020), dont 26 en Ile-de-France et 8 hors de France, touchant 24 452 spectateurs (11 043 en 2019).

La reprise de l’Unité scénique en 2021 avec le projet Pelléas et Mélisande, produit et tourné à partir de janvier 2022, a nettement participé à l’impact de notre action hors les murs. Ce projet, confié aux metteurs en scène Patrice Caurier et Moshe Leiser, se prolongera jusqu’en février 2024 et totalisera à ce moment-là 17 représentations assurées par notre jeune troupe de lauréats de la Fondation.

On notera également les magnifiques succès de 2 projets conçus par notre programme de musiques transculturelles, «Radicants » de Ballaké Sissoko et Lorenzo Bianchi, créé avec un grand succès au Festival «  Détours de Babel » à Grenoble devant 700 spectateurs, et «  Dress Code», conçu et préparé à Royaumont par Jocelyn Mienniel, créé au Festival Jazz de la Villette devant 762 spectateurs.

L’hospitalité selon Royaumont

La fréquentation publique du site de l’abbaye ne se résume pas aux 55 702 visiteurs accueillis en visite du monument et à ses 7 436 spectateurs. 

Elle s’incarne également dans l’accueil de séminaires, journées d’études, événements privés assurés par le pôle « séminaires et événements ». Celui-ci reprend sa progression en 2022, en dépit d’un début d’année encore impacté par les restrictions sanitaires.

Avec un chiffre d’affaires de 3 050 800€, il progresse de plus de 35% par rapport à 2021 et se rapproche du niveau des meilleures années (3 300 600€ en 2018), même si sa rentabilité baisse.

105 séminaires résidentiels ont été accueillis en 2022, 35 journées d’études, 33 événements professionnels et 33 soirées privées.

On soulignera également le bel enrichissement des séminaires par notre offre culturelle : 161 visites guidées ont été réalisées pour des séminaires, 166 ateliers (autour du « Codex ») et 9 concerts privés (3 en 2021).

L’offre individuelle progresse également (+36% par rapport à 2021), 1 709 visiteurs ont pu déjeuner ou dîner à la Table de Royaumont et 485 y ont passé la nuit.

Le lancement fin novembre du premier programme de restauration du monument historique s’inscrivant dans le CPER 2022-2028 symbolise spectaculairement cette reprise de la marche en avant de la Fondation. Cette première tranche concerne la restauration des élévations subsistantes de l’ancienne église abbatiale, en particulier son magnifique mur mitoyen du cloître

On ne doit pas oublier que 2022 aura également été la première année pleine de mise en œuvre du projet de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, désormais adossée de manière pérenne à la Fondation. Ce projet est directement inspiré par celui de la Fondation, dont il vient amplifier les capacités dans tous les domaines : recherche, résidence, formation, diffusion.

Au final, l’année 2022, pourtant marquée par de multiples tensions, y compris le trouble suscité par la tentative de rapprochement avec Châteauform’, restera comme une année d’une très grande profusion d’activités, marquée par des articulations plus fines des projets entre les différents secteurs de la Fondation, valorisant ainsi davantage notre richesse et notre singularité. Elle a su réaffirmer avec force les exigences du projet de la Fondation, en particulier dans le domaine de la recherche et de la création, tandis que s’est confirmé le retour progressif de nos différents publics sur le site.

Francis Maréchal, directeur général