Partager

Colloque international « Geneviève Thibault de Chambure – Trésors de sa collection »

Colloque co-organisé par la Fondation Royaumont et la Fondation Les Arts Florissants - William Christie

Réserver
+Voir d'autres dates

Présentation

Geneviève Thibault de Chambure (1902-1975) est une figure hors du commun de la musicologie et de la musique ancienne. Depuis sa disparition, son œuvre multiple n’a cessé de nourrir la recherche musicologique et organologique, de même que son nom reste attaché à celui de deux institutions patrimoniales nationales : la Bibliothèque nationale de France et le Musée de la Musique. 
Fondatrice de la Société de musique d’Autrefois (SMA) en 1926, elle œuvra pendant des décennies pour faire connaître des répertoires oubliés. Elle appuya cette recherche sur une collection insigne de partitions anciennes commencée dès l’âge de vingt ans et dont l’ampleur couvre la musique vocale et instrumentale française, allemande et italienne du XVIe au XVIIIe siècle. Elle ajouta à cette passion des manuscrits et des livres de musique celle des instruments anciens, constituant la plus grande collection jamais formée en France dans ce domaine.
Le colloque international consacré aux trésors de sa collection, aura lieu en 2025, d’une part, à la Fondation Royaumont, du 13 au 15 juin et, d’autre part, à la Fondation Les Arts Florissants, à Thiré en Vendée le 22 août.

Informations pratiques

Entrée libre. Réservation nécessaire.

13 juin : 14h30-19h – Abbaye de Royaumont – Salle de la Poivrière

14 juin :09h30-18h – Abbaye de Royaumont – Salle de la Poivrière

15 juin : 09h30-13h – Abbaye de Royaumont – Bibliothèque musicale François Lang

22 août : 09h30-17h – Domaine de Thiré-Jardins de William Christie (informations et réservation ici)

Comité d’honneur

Marie-Christine Daudy (Fondation Royaumont), François Naulot (Fondation Royaumont), William Christie (Les Arts Florissants), Laurent Bayle (Les Arts Florissants), Marie-Pauline Martin (Philharmonie de Paris – Musée de la Musique), Mathias Auclair (Bibliothèque nationale de France), Sylvie Le Baumin (IReMUS), Yves Balmer (Société française de musicologie), Isabelle De Chambure, Alix De Chambure, Gilles De Chambure, Emmanuel Guéroult, Aurélien Guéroult

Direction scientifique

Pascal Duc (Les Arts Florissants), Florence Gétreau (CNRS, IReMus, émérite), Catherine Massip (EPHE, BnF, émérite), Thomas Vernet (Fondation Royaumont)

Coproduction avec


Programme complet

Vendredi 13 juin 2025, abbaye de Royaumont : Une collection aux sources de la musique baroque

14h30 > Introduction par Catherine MASSIP

Le nom de Geneviève Thibault de Chambure (1902-1975) demeure aujourd’hui attaché à celui de deux institutions patrimoniales nationales – la Bibliothèque nationale de France et le Musée de la Musique – et son œuvre multiple ne cesse de nourrir la recherche musicologique et organologique. Fondatrice de la Société de musique d’Autrefois en 1926, elle œuvra pendant des décennies pour faire connaître des répertoires oubliés. Elle appuya cette recherche sur une collection insigne de partitions anciennes commencée dès l’âge de vingt ans et dont l’ampleur couvre la musique vocale et instrumentale française, allemande et italienne du XVIe au XVIIIe siècle. Elle ajouta à la passion des manuscrits et des livres de musique celle des instruments anciens, constituant la plus grande collection jamais formée en France dans ce domaine. Le présent colloque réunissant musicologues, facteurs d’instruments et interprètes entend rendre hommage à cette figure hors du commun de la musicologie et de la musique ancienne cinquante ans après sa disparition.

Catherine MASSIP, musicologue, conservateur général honoraire des bibliothèques, directrice d’études émérite à l’EPHE, a publié articles et ouvrages sur la musique française des XVIIe et XVIIIe siècle. Ses travaux portent aussi sur les sources et collections musicales. Elle a contribué à diverses expositions dont Musiques anciennes. Instruments et partitions (XVIe-XVIIe siècles) (Bibliothèque Nationale, 1980) consacrée à la collection de Geneviève Thibault de Chambure et Barockissimo (avec Martine Kahane) présentant les productions scéniques des Arts Florissants (Moulins, Centre national du costume de scène, 2016).

15h > Florence Gétreau : La Société de musique d’Autrefois

Fondée le 18 décembre 1926 par le comte de Courville, le commandant Le Cerf, Geneviève Thibault, Eugénie Droz et la baronne de Lamberterie, cette société avait pour but « l’exécution et la publication de la musique ancienne ». Elle souhaitait « faire à chaque concert une sorte d’exposition chronologique et rétrospective d’œuvres exceptionnelles ». Elle proposa deux concerts annuels, l’un de musique profane, l’autre de musique sacrée, jusqu’en 1932. Après une interruption de deux décennies, G. Thibault ayant épousé le vicomte Hubert Pelletier de Chambure en avril 1931 et l’ayant suivi en Indochine où ils fondèrent une famille, la SMA reprit ses activités de 1953 à 1975, Mme de Chambure développant à nouveau ses activités de musicologue puis de Conservatrice du Musée Instrumental. Cette communication montrera comment les répertoires exécutés reflétaient souvent les choix musicaux et instrumentaux qui caractérisent la collection qu’elle constituait parallèlement. Nous évoquerons aussi les musiciens qui furent actifs dans le cadre de ces concerts, les instruments anciens ou reconstitués qui furent sélectionnés et souvent spécialement remis en jeu par des facteurs et luthiers qui oeuvraient parfois aussi au Musée Instrumental. Nous montrerons enfin comment la SMA fut le creuset où à partir de 1970 une nouvelle génération d’interprètes s’y fit connaître avant d’incarner de manière exceptionnelle le renouveau des musiques anciennes des dernières décennies du XXe siècle.

Florence GETREAU est Directrice de recherche émérite au CNRS (Paris, Institut de recherche en musicologie). Musicologue et historienne de l’art, ses travaux portent sur l’organologie, l’iconographie musicale, l’histoire des collections. Conservateur du patrimoine jusqu’en 2003, Chef de projet du Musée de la Musique, elle a dirigé l’Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (2004-2013). Elle a fondé la revue scientifique annuelle Musique-Images-Instruments (CNRS Éditions). Présidente de la Société française de musicologie (2011-2015), membre du Directorium de la Société internationale de musicologie (2012- 2022), elle a reçu le Curt Sachs Award (2002) et le Claire Brook Award (2019) pour Voir la musique (Citadelles & Mazenod, 2017- rééd. 2022).

Session organologie #1 (Présidente de séance : Marie-Pauline Martin)

15h30 > Joël Dugot & Sebastian Kirsch

La collection de luths (provenances, restaurations, copies modernes) et l’étude de cas d’un théorbe vénitien Renaissance baroquisé (E 980.2.321)
Notre communication proposera de mettre en évidence l’importance de la collection de luths et instruments apparentés réunie par la comtesse de Chambure au long de sa carrière. Pour ce faire, nous choisirons de décrire et de commenter, parmi la trentaine d’instruments recensés, ceux qui nous paraissent les plus significatifs, par leurs qualités historiques et organologiques, en tentant ainsi de dessiner les contours d’une collection particulièrement importante. Nous avons défini trois sections distinctes : 1) les instruments « anciens », antérieurs au XIXe siècle 2) les « pseudo-instruments» du XIXe siècle 3) les instruments du XXe siècle Pour chaque instrument présenté nous nous efforcerons de définir le type précis, son époque de conception, son degré d’authenticité (transformations subies au travers des différentes époques), enfin son histoire et sa provenance, lorsqu’elles nous sont connues et son éventuelle occurrence au cours des concerts de la SMA, avec si possible, l’évocation des joueurs de luth concernés.

Après des études au département de philosophie de la Sorbonne (Maîtrise en esthétique), Joël DUGOT s’est consacré à la facture instrumentale, plus spécialement celle du luth occidental. Fondateur en 1977 de la revue Musique ancienne, il fut de 1982 à 1993 un collaborateur régulier du Laboratoire d’Organologie et d’Iconographie musicale du CNRS dirigé par Jacques Thuillier. En 1984, il a pris une part active dans la fondation de la Société Française de Luth dont il fut le président jusqu’en 2005. Parallèlement, il avait intégré en 1987 le Musée Instrumental du Conservatoire National Supérieur de musique et de danse de Paris, qui deviendra en 1997 le Musée de la Musique (Philharmonie de Paris) et dont il sera un des conservateurs jusqu’en 2012. Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et a dirigé la publication de plusieurs ouvrages dont les actes du colloque Luths et luthistes en Occident (Cité de la Musique 1999), le Cahier d’atelier Robert Bouchet (Cité de la musique, 2003), Aux origines de la guitare : la vihuela de mano (Cité de la musique, 2004) et Les Luths : Catalogue des collections (Cité de la Musique 2006).
Sebastian KIRSCH est directeur de la collection d’instruments de musique au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Avant sa nomination en 2024, il a travaillé comme chercheur et conservateur au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg, à l’université de Leipzig et au Musée de la musique de Paris. Il est particulièrement reconnu pour son expertise dans le domaine de la culture matérielle de la musique et de l’organologie des luths. Ses recherches portent également sur les technologies d’imagerie 3D, telles que la numérisation et la tomographie X, ainsi que sur les humanités numériques. Ses projets récents portent sur l’émergence de l’organologie en tant que discipline scientifique et sur l’histoire économique de la fabrication des instruments.

16h15 > Martin Kirnbauer

Les cornets à bouquin italiens de la collection Chambure (E. 979.2.16 à E. 979.2.32 ; E. 980.2.164)
Les cornets à bouquin font partie de ces instruments qui, dans la culture musicale européenne, sont tombés dans l’oubli et se sont pour ainsi dire « éteints » après avoir connu un essor rapide à la fin du XVe siècle et une brève période de rayonnement jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Ce destin en a fait des objets particulièrement prisés par les collectionneurs, en raison de leur rareté et de leur singularité, tout en posant quelques difficultés lors des tentatives de reconstitution musicale. La collection Chambure, étroitement associée aux activités de la Société de musique d’Autrefois, permet de mieux saisir quelques-uns des enjeux liés au fait de collectionner des cornets à bouquin.

Prof. Dr. Martin KIRNBAUER est directeur de la recherche et préside actuellement la direction de la Schola Cantorum Basiliensis / FHNW. Entre 2004 et 2017, il a dirigé le Musée de la musique de Bâle. Parmi les projets de recherche les plus récents, on compte une édition numérique du traité de Nicola Vicentino L’antica musica ridotta alla moderna prattica (Rome 1555), une reconstruction de l’arciorgano et actuellement E-LAUTE.

16h45 > Vincent Robin

La musette inachevée (E.980.2.388) de la collection Chambure : notes sur un modèle unique du XVIII e siècle
La musette inachevée (E.980.2.388) de la collection Chambure est intéressante à plus d’un titre. Bien qu’il ne s’agisse que des éléments tournés d’un instrument incomplet, ils constituent, en raison de l’homogénéité de leur facture, un modèle de référence. Le fait qu’ils n’aient pas subi de modifications permet en outre de les observer tels qu’après l’opération du tournage et avant les autres étapes de fabrication. De plus, leur état met en évidence la division du travail au sein d’un atelier qui faisait appel à plusieurs spécialisations. D’après ses dimensions, on peut déduire que ce type de musette correspond probablement à une « musette du cinq », de tessiture plus grave que l’ordinaire. Considérée par Nicolas Chédeville comme la plus harmonieuse et convenable à l’accompagnement de la voix, elle a notamment été exploitée par Jean-Philippe Rameau. Par ailleurs, la structure particulière du cylindre à bourdons est un critère important pour situer cette variante peu représentée parmi les modèles recensés. En fonction de l’ensemble des caractéristiques formelles et structurelles de cet instrument, il est possible d’en estimer la datation et de proposer des pistes pour son attribution. Enfin, ce spécimen offre l’occasion d’étudier l’évolution de l’usage des matériaux pour le tournage des musettes. Ainsi, sur une période de deux siècles, l’emploi de l’ivoire supplante progressivement celui du bois, un phénomène observé tant sur les instruments conservés que dans les arts visuels.

Vincent ROBIN a étudié le hautbois moderne avant de se consacrer à l’instrument baroque, puis de se tourner vers la musette. Parallèlement à son activité de concertiste, il s’intéresse à l’histoire et à l’évolution des instruments de musique. Après avoir rédigé, en 2009, un inventaire raisonné des musettes conservées dans le monde pour l’obtention du diplôme de l’École Pratique des Hautes Études, il a soutenu en 2021 dans ce même établissement une thèse en Histoire de la musique et musicologie portant sur la Typologie de la musette (1596-1786).

17h15 – Pause

Session organologie #1 – Suite (Président de séance : Pascal Duc)

17h45 > Matteo DI CAPUA & Andreas LINOS

La viole de Michel Collichon, Paris, 1683 (E. 980.2.667) : aux origines de la septième corde, découvertes biographiques, nouvelle approche des méthodes constructives
Joyau de la collection de la comtesse de Chambure, l’instrument fait à Paris en 1683 par Michel Collichon est considéré aujourd’hui comme l’une des basses de viole françaises les plus importantes du XVIIe siècle. Objet de nombreuses études depuis les années 1990, la découverte récente de documents d’archives renouvelle la connaissance de son auteur, ainsi que celle de ses proches et de ses instruments. De surcroît, la mise en relation entre ces éléments historiques et une étude approfondie de ses méthodes constructives a permis d’avancer une nouvelle hypothèse sur l’emmanchement caractéristique de ses violes, dévoilant ainsi une partie des gestes propres à sa facture. Parmi les violes de gambe parvenues jusqu’à nous, celle de 1683 est la plus ancienne basse signée et datée, à sept cordes, ayant conservé son manche d’origine. Si le violiste et compositeur Monsieur de Sainte Colombe (fl. 1660-1690) a toujours été considéré comme l’inventeur de la septième corde par ses contemporains, de nouvelles recherches dans les sources de la première moitié du XVIIe siècle interrogent aujourd’hui cette affirmation. Dès lors, s’ouvre la possibilité d’écrire le récit des origines de la septième corde, depuis sa conception intellectuelle jusqu’à son adoption unanime par le milieu musical des années 1680.

Étudiant en master au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où il est titulaire des prix d’harmonie, de contrepoint et de polyphonie XVe-XVIIe, a mené des recherches sur la musique du violiste et compositeur Monsieur Sainte Colombe et prépare actuellement diverses publications principalement pour le Centre de Musique Baroque de Versailles et la Société française de musicologie.
Andreas Linos a étudié la viole de gambe au Conservatoire à Rayonnement Régional de Boulogne-Billancourt avec Nima Ben David et s’est initié en parallèle à la lutherie avec Bernard Prunier. Après un premier prix de viole, il développe une carrière de chambriste qu’il combine avec ses activités de scénographe et metteur en scène d’opéra. Depuis trois ans, il construit des copies fidèles et étudie les méthodes constructives des violes de Michel Collichon avec le luthier Roman Cedron.

18h30-19h moment musical offert par Mattéo Di Capua & Andreas Linos

Samedi 14 juin, à l’abbaye de Royaumont

Session sources #1 (Présidente de séance : Catherine Massip)

09h30 > David Fallows

New Findings on the History of the Chansonnier Nivelle de La Chaussée
Mme de Chambure purchased the chansonnier Nivelle de La Chaussée in March 1939. After her unexpected death (1975) it entered the collection of the BnF in 1979 as Rés. Vmc. ms. 57, immediately taking its place as one of the key documents on the French chanson in the middle years of the fifteenth century. Originally associated with the Burgundian ducal court, the reassessment of the 1980s resulted in Nivelle and the related chansonniers being placed firmly in France, and particularly in the Loire Valley. Still open for discussion is its date. Proposed dates for the manuscript have included late 1450s (Mme de Chambure), ca. 1460 (Besseler and Pirro), 1460–65 (Paula Higgins), late 1460s (Leeman Perkins), and late 1470s (Jane Alden). I have elsewhere argued for a date in the early 1460s on the basis of repertory, a conclusion that makes it firmly the earliest of the central French chansonniers. I now propose the same date on the basis of its unusual treatment of mensuration signs.

David FALLOWS (b. 1945 in Buxton, Derbyshire) studied at Cambridge, London, and the University of California at Berkeley (Ph.D., 1977). From 1976 until his retirement in 2010 he taught at the University of Manchester. He was President of the International Musicological Society, 2002–7. Dr honoris causa of the Université François Rabelais, Tours, 2010. His research is almost all on the ‘long’ fifteenth century, including books on Dufay (1982), Josquin (2009) and Henry V and the Earliest English Carols (2018).

10h > Laurent Guillo

Un élément remarquable de l’édition lyonnaise : Jambe de fer, Cent cinquante pseaumes du royal prophete David, Lyon, 1555 (Rés. Vmf. 67)
Parmi les trésors accumulés par Geneviève Thibault de Chambure figurent les Cent-cinquante pseaumes de David publiés à Lyon en 1555 par Michel du Bois, avec des mélodies de Philibert Jambe de fer. Cette communication sera consacrée à cet unicum, richement relié et provenant de plusieurs collections prestigieuses. Elle éclairera la compétition à la fois poétique et musicale qui a suivi la publication des cinquante psaumes de David traduits par Clément Marot et dotés de mélodies par les chantres de l’Église de Genève. Si plusieurs poètes s’enhardirent à prendre la suite de Marot pour achever la traduction des psaumes, seul Jambe de fer osa ici proposer des mélodies pour les cent psaumes restants, entreprise qui fut l’aboutissement de la tradition du Psautier de Lyon, qui resta sans suite, mais qui le posait en concurrent de la tradition naissante du Psautier de Genève. Elle permettra également d’évoquer la tradition du Psautier de Paris.

Laurent GUILLO a consacré ses travaux aux sources musicales du XVIe au XVIIIe siècle, notamment celles de la Renaissance lyonnaise (Klincksieck, 1991), et celles des imprimeurs-libraires Pierre I et Robert III Ballard (CMBV et Mardaga, 2003) puis Christophe Ballard (Brepols, 2021). Il a élargi ce champ de l’histoire des collections musicales, à l’étude des conditions matérielles et légales de l’édition musicale. Il est chercheur associé au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (Tours) depuis 2025.

10h30 – Pause

Session organologie #2 (Présidente de séance : Florence Gétreau)

10h45 > Jean-Claude Battault

E.980.2.642 et E.980.2.646 : deux clavecins singuliers de la collection Chambure
Parmi les nombreux instruments de la collection Chambure achetés par l’État en 1980 et conservés au Musée de la Musique de Paris, figurent deux clavecins anonymes particulièrement curieux. L’un semble de facture française mais a été très modifié tandis que la forme de l’autre évoque les instruments de la sphère germanique. Leur étude menée au Musée de la Musique a tenté de déterminer leur origine et leur histoire mais a aussi cherché à comprendre les motivations qui ont amené Geneviève Thibaut de Chambure à les acquérir.

Après des études scientifiques et musicales, Jean-Claude BATTAULT se dirige vers la facture de clavecin. En 1990, il rejoint l’équipe du Musée instrumental du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans le cadre d’une recherche sur les relevés numériques tridimensionnels des instruments de musique anciens. Parallèlement, il participe à la préparation des collections en vue de leur présentation dans le futur Musée de la Musique inauguré en 1997. Depuis lors, dans le cadre des missions du Musée (Centre de Recherche sur la Conservation, CRC-UAR 322), il étudie et documente, en qualité de chargé de conservation-restauration, les instruments à claviers conservés dans les collections françaises et étrangères. Il est régulièrement invité à donner des conférences lors de colloques internationaux et il est l’auteur ou co-auteur d’articles consacrés à ces instruments.

11h15 > Giovanni Paolo Di Stefano

Marius’ clavecin brisé (E. 979.2.2.) in context
This paper focuses on a remarkable piece from the Chambure collection: a clavecin brisé by Jean Marius (?-1720), a French inventor and builder of musical instruments. This rare folding portable harpsichord (E.979.2.2), which pairs with another example held at the Musée de la Musique in Paris (E.5), is one of only five surviving instruments by Marius, with the others located in Brussels, Berlin, and Leipzig. The clavecin brisé is the only type of instrument in Marius’s oeuvre to achieve commercial success. However, Marius was a highly inventive and versatile figure, experimenting with the construction of various musical instruments and pursuing innovations across multiple fields throughout his life. This paper will reassess the surviving documentation related to Marius’s clavecins brisés, placing them within the broader context of historical records concerning this specific type of harpsichord. Furthermore, the presentation will compare the harpsichord E.979.2.2 with the other four surviving instruments by Marius.

Giovanni Paolo DI STEFANO is the curator of the musical instrument collection at the Rijksmuseum in Amsterdam. He studied musicology at the universities of Palermo and Rome La Sapienza, where he earned a PhD. His research interests focus on the relationship between music and material culture, particularly organology and musical iconography. He has taught organology at Italian conservatories and at the universities of Florence and Palermo, where he has been a faculty member since 2008. Additionally, he has served as a consultant for museums and musical instrument collections in Italy and internationally. He is a member of the board of ICOM-MUSIC, for which he coordinates the International Directory of Musical Instrument Collections. His extensive body of publications includes articles in international scholarly journals, edited volumes, conference proceedings, museum catalogues, and encyclopaedic dictionaries.

11h45 > Christopher Clarke

La construction d’un fac-similé du piano-forte Érard Frères, 1802 (E.986.8.1) : la création de Mme de Chambure, d’un terreau propice à sa réalisation.
La présente communication vise à lever toute confusion entre deux piano-fortes en forme de clavecin sortis des ateliers Érard Frères et aujourd’hui conservés au Musée de la Musique : l’un, de 1812, acheté par le compositeur Ferdinand Paër et Mme de Chambure en 1972 puis restauré aussitôt par Michel Robin, avant d’être intégré par dation aux collections du Musée en 1979 (E.979.2.7) ; l’autre, de 1802 (E.986.8.1), portant la signature de Steibelt, non restauré, qui a été acquis en 1986. La décision de construire le facsimilé d’un piano de concert français du début du XIXe siècle afin d’explorer une littérature abondante mais mal connue, revient au conservateur Thierry Maniguet. Toutefois, nos connaissances actuelles en matière de facture et de restauration instrumentales se fondent tout d’abord sur les solides principes scientifiques établis par Mme de Chambure pour la constitution de sa propre collection. Le récit de la construction du facsimilé Érard (F. 19) en 2010, servira à illustrer cette pratique, non pas comme un aboutissement mais plutôt comme un jalon sur la voie ouverte par la clairvoyance de Mme de Chambure, il y a soixante ans.

Né en 1947 dans le nord de l’Angleterre, diplômé en sciences humaines à l’Université d’Edimbourg, Christopher CLARKE reçoit en 1970 une bourse de la Fondation Fritz Thyssen qui lui permet de suivre un stage au Germanisches National Museum de Nuremberg. Cette expérience sera à l’origine de sa vocation. D’abord conservateur adjoint de la Russell Collection of Harpsichords and Clavichords au St. Cecilia’s Hall d’Edimbourg de 1971 à 1973, il rejoint en 1974 l’équipe de Adlam Burnett dans le château de Finchcocks dans le Kent, où il travaille essentiellement à la restauration d’instruments anciens. En 1978, à Paris, au sein de l’atelier collectif “Les Tempéraments Inégaux”, il réalise sa première copie de piano-forte. Installé depuis 1981 dans ses ateliers en Bourgogne, il poursuit son activité principale en réalisant des copies et des restaurations de claviers anciens pour musiciens, musées et écoles de musique, tout en poursuivant la recherche et la documentation de ces instruments. Lauréat de nombreux prix, dont un prix “Pour l’Intelligence de la Main” discerné par la Fondation Bettencourt en 2000, il a été nommé Maître d’Art par le Ministère de la Culture en 2006. Toujours en activité, il est par ailleurs l’auteur de nombreuses publications scientifiques et il donne régulièrement des conférences et anime des ateliers de formation.

13h > déjeuner

Session sources #2 (président de séance : Pascal Duc)


14h30 – Philippe Canguilhem & Franco Pavan

Les livres de madrigaux de la collection Albani
Notre communication cherchera à montrer qu’une partie importante de la collection de Geneviève Thibault de Chambure tire son origine de la bibliothèque Albani, vendue en Italie en 1928. Il s’agit d’une collection d’un grand intérêt, qui contient des oeuvres de Marenzio, Gesualdo, Nenna, Pecci, Monteverdi, Agresta, Salzilli et bien d’autres, constituée à l’origine par Malatesta Albani dans la première moitié du XVIIe siècle. La collection comportait également des oeuvres instrumentales, lesquelles n’ont toutefois pas encore pu être identifiées dans les fonds de la BnF. D’autres volumes, enfin, ont été dispersés lors de plusieurs ventes aux enchères. Notre communication, après avoir rappelé l’historique de cette acquisition, se penchera sur l’intérêt de la collection de madrigaux, qui révèle un goût lié à la tradition romano-napolitaine. Un autre terrain d’enquête concerne les questions liées à la performance, quand on sait que Malatesta Albani possédait un jeu de neuf violes “all’inglese”, qui auraient pu servir à jouer ce répertoire.

Philippe Canguilhem est professeur de musicologie à l’Université de Tours et conduit ses recherches au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance. Ses publications portent sur les rapports entre oralité et écriture dans la pratique musicale des XVe et XVIe siècles, en particulier dans le domaine italien. Dans ce cadre, il a fait paraître une édition des traités de chant sur le livre de Vicente Lusitano aux éditions Brepols en 2013, et a publié L’improvisation polyphonique à la Renaissance (Classiques Garnier, 2015). Il vient de publier À l’ombre du laurier. Musique et culture à Florence, 1530-1570 (Brepols, 2024).
Luthiste, théorbiste et musicologue formé à Milan, Franco PAVAN a collaboré avec plusieurs ensembles importants de musique ancienne italiens et réalisé avec eux plus de soixante enregistrements. Il dirige l’ensemble Laboratorio’600, avec lequel il a joué dans d’importantes institutions et festivals tels que, entre autres, le Konzerthaus de Vienne, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Festival de Flandre, le Festival de Potsdam et Misteria Paschalia de Cracovie. Il est par ailleurs l’auteur de nombreux articles sur l’histoire du luth et de son répertoire ainsi que de textes relatifs au début du XVIIe siècle en Italie, publiant des documents inédits relatifs à Carlo Gesualdo et Claudio Monteverdi. Il a récemment redécouvert l’une des plus importantes collections anciennes de musique pour luth chez la famille Castlebarco Albani à Pesaro. Il a travaillé sur les nouvelles éditions du New Grove Dictionary, de la MGG ou encore du Dizionario Biografico degli Italiani et fait partie du comité de rédaction du Journal of the Lute Society of America. Il achève actuellement une thèse sur le répertoire pour luth italien du XVIe siècle au CESR de Tours sous la direction de Ph. Canghuilem et enseigne le luth au Conservatoire E. F. Dall’Abaco de Vérone. Il est par ailleurs auteur d’un premier livre de fiction, Memini, publié par les Éditions Scientifiques de Naples en 2017.

15h15 > Catherine Deutsch

Itinéraire d’un recueil de madrigaux : le Secondo libro de’ madrigali a cinque voci de Giovanni de Macque (1587) de la cour de Carlo Gesualdo à la collection Chambure (Rés. 729)
En 1585, Giovanni de Macque s’installe à Naples, à la cour du jeune Carlo Gesualdo, alors âgé de dix-neuf ans. Il y demeure environ cinq années, marquées par une intense activité musicale et éditoriale. Entre 1586 et 1589, Macque publie en effet quatre recueils de musique – trois livres de madrigaux et un recueil de ricercares – tout en accompagnant les premiers pas de son jeune patron sur le marché de l’édition musicale. Ces quatre ouvrages constituent des sources précieuses pour l’histoire de la musique napolitaine à la fin de la Renaissance, et permettent de mieux appréhender l’environnement musical dans lequel s’inscrit Gesualdo avant la publication de ses propres recueils. Jusqu’à une date récente, toutefois, ces livres étaient soit considérés comme perdus, soit connus de manière lacunaire. Le Secondo libro de’ madrigali a cinque voci de Macque, publié à Venise par Vincenti en 1587, appartient à cet ensemble de sources. Geneviève de Chambure acquit un exemplaire de sa partie de basse, longtemps non signalée dans le RISM. Cette communication retracera les étapes de la publication de ce recueil ainsi que l’histoire des exemplaires conservés, et analysera son importance dans l’histoire du madrigal napolitain tardif.

Catherine DEUTSCH est professeuse de musicologie à l’UFR-ALL de Metz et membre séniore de l’Institut universitaire de France (IUF). Elle a rejoint l’Université de Lorraine en 2021, après avoir enseigné une dizaine d’années à la Sorbonne. Ses recherches portent sur la musique italienne des XVIe et XVIIe siècles, notamment le madrigal, ainsi que sur la musicologie féministe, l’histoire du genre et l’histoire de la musicologie. Parmi ses publications, signalons son édition des Secondo et le Terzo libro de’ madrigali a cinque voci de Giovanni de Macque pour l’Istituto italiano per la storia della musica en 2015 et 2018.

15h45 > Pause

16h > Dinko Fabris

Les tablatures de luth italiennes dans la collection de Madame de Chambure : un aperçu et quelques cas spécifiques
L’intérêt de Geneviève Thibault de Chambure pour le luth et les instruments anciens à cordes pincées est attesté par le nombre de tablatures de sa collection, une trentaine, écrites en diverses notations – souvent provenant d’autres collections françaises (Henry Prunières, Alfred Cortot), ainsi que par sa collection d’instruments de musique anciens et par sa participation personnelle au mouvement de redécouverte de la musique ancienne. Son premier mémoire universitaire était consacré à John Dowland et elle participa à l’organisation du colloque historique de Neuilly-sur-Seine en 1957 sur « Le luth et sa musique ». L’objectif de cette communication est d’examiner la présence importante de tablatures de luth italien dans le fonds Thibault de Chambure, actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France. Ces sources vont du célèbre manuscrit de frottole du début du XVIe siècle, étudié par Geneviève Thibault elle-même en 1958 et qui présente encore des aspects mystérieux, aux manuscrits pour guitare et théorbe du XVIIe siècle, sans négliger des éditions imprimées aussi importantes que celles, uniques, de Francesco da Milano. Grâce à ces ouvrages, elle a pu constituer une petite histoire idéale du luth en Italie, basée sur des sources originales et désormais accessible aux chercheurs.

Dinko FABRIS, docteur en musicologie de l’université de Londres (2002), est professeur depuis 2018 à l’Université de Basilicata et aussi depuis 2022 à l’Université de Leiden. Président de la Société Internationale de Musicologie (IMS) (2012-2017), il a publié plus de 180 essais scientifiques, articles, éditions critiques et livres dont Music in Seventeenth-Century Naples (Ashgate 2007 ; repr. Rootledge 2016), Partenope da Sirena a Regina. Il mito musicale di Napoli (Cafagna editore, 2016 ; repr.2022) et Prove d’orchestra. Nino Rota et sa musique de concert (Cafagna editore, 2025, avec Michela Grossi). Depuis 2017, il est le directeur artistique du festival baroque Duni de Matera.

16h30 > Andreas Schlegel

Le Lautenbuch de Wolff Heckel, Strasbourg, Christian Müller, 1562 (Rés. Vmd. 74)
La publication de Wolff Heckel, originaire de Munich, comprend deux livres en tablature allemande, l’un pour luth soprano et l’autre pour luth ténor. Dans les deux livres, on trouve dans une première partie 40 duos, suivis de morceaux en solo : 40 dans le livre de tablature pour luth soprano, 38 dans celui pour luth ténor. L’édition de 1562, imprimée par Christian Müller, est la deuxième édition du Lautenbuch de Heckel. La première édition date de 1556 et a également été imprimée à Strasbourg, mais cette fois par Urban Wyss, qui a d’abord vécu à Bischofszell, puis à Zurich et enfin à Berne. Le répertoire reflète une pratique très répandue dans la Suisse d’alors et dans la région du Rhin supérieur, qui consiste à associer des luths de tailles identiques ou différentes. La communication portera sur le répertoire, les personnes impliquées, la technique d’impression et l’histoire des exemplaires conservés des éditions de Heckel. De plus, les livres de luth sont souvent des sources importantes de mélodies ou de compositions vocales polyphoniques qui, autrement, auraient été perdues. Lors de la présentation de cette fonction, une attention particulière sera accordée à la seule version polyphonique du chant de la peste (Pestlied) d’Ulrich Zwingli, qui avait déjà été imprimée par Hans Jacob Wecker en 1552 à Bâle dans son livre de duos pour luth. Ce chant résonnera pour la première fois depuis le XVIe siècle sur le sol français d’aujourd’hui. Il s’agit d’une reconstitution de la version à quatre voix d’un duo de Wecker qui se trouve aussi dans les éditions de Heckel. Les techniques utilisées pour cette reconstitution seront également expliquées.

Andreas Schlegel est chercheur-musicien et se consacre, en tant que luthiste, à la musique du XVIe au XVIIIe siècle. Il s’intéresse plus particulièrement à la musique française pour luth du XVIIe siècle, au lien entre la « musique de rue » de l’époque et le répertoire pour luth, ainsi qu’à l’évolution de l’instrument. Il a travaillé comme directeur d’école de musique et continue à donner des cours de guitare jusqu’à la fin de cette année scolaire. Il se réjouit de pouvoir ensuite se consacrer entièrement à la recherche et à la musique.

17h00 > Denis Herlin

Enseigner le clavecin dans les années 1690 : le cas du manuscrit de Françoise de La Pierre (Rés. Vmd. ms. 18)
Publié en fac-similé en 1983 par les Éditions Minkoff avec une préface de François Lesure (sous le pseudonyme de Pierre Féruselle), ce manuscrit a longtemps été considéré comme ayant servi à deux apprenties musiciennes. Divisé en deux parties distinctes, il contient du f. 1 à 38 les leçons de mademoiselle de La Pierre à partir du 6 septembre 1687 et, en commençant par la fin, du f. 1 à 32 celles reçues par une certaine Madame Le Noble. Grâce à la découverte d’un contrat de mariage, il s’avère que mademoiselle de La Pierre et Madame Le Noble sont une seule et même personne. Le 15 mars 1692, Françoise Claude de La Pierre épouse en effet Louis Le Noble, officier du duc de Vendôme. Ce livre de clavecin constitue un rare témoignage de l’apprentissage du clavecin de 1687 à environ 1700 et du répertoire étudié. Il conviendra de s’interroger sur le copiste de ce manuscrit, mais aussi sur la présence de pièces recopiées plusieurs fois avec des variantes.

Directeur de recherche au CNRS (IReMus), Denis HERLIN est l’auteur de trois catalogues de fonds musicaux et le co-éditeur avec S. Bouissou et P. Denécheau du Catalogue thématique des oeuvres de Jean-Philippe Rameau (3 vol. publiés), d’articles sur la musique baroque française et d’une quarantaine d’études sur l’oeuvre de Debussy, ainsi que d’une vingtaine d’éditions critiques (Couperin, Rameau, Debussy). Rédacteur en chef des OEuvres complètes de Debussy depuis 2002, il a publié en 2005 avec F. Lesure l’édition de la correspondance générale du compositeur et en 2021 un livre Debussy. Portraits et Études. Président de la Société française de musicologie de 2009 à 2011, il a été également titulaire de 2017 à 2023 de l’International Chair in Musicology au Royal Northern College of Music de Manchester.
17h30 – Entretien entre William CHRISTIE et Florence GETREAU sur les clavecins de la collection Chambure & la Société de musique d’autrefois.

Dimanche 15 juin, à l’abbaye

Session sources #3 (Président de séance : Denis Herlin)

09h30 > Alessio Ruffatti

Les lamenti en musique dans la collection de Chambure
Ma communication portera sur les lamenti [plaintes] conservés dans les manuscrits musicaux ayant appartenu à Geneviève de Chambure et avant elle à Henri Prunières. Ces compositions témoignent de la fortune des Héroïdes d’Ovide à Rome au début du XVIIe siècle. Les plaintes en musique attribuables à Rossi, Marazzoli, Savioni, Pasqualini, Carissimi et de nombreux autres compositeurs romains ayant vécu entre la première et la seconde moitié du XVIIe siècle témoignent de la passion pour la littérature amoureuse, qui avait déjà laissé une trace importante dans le texte de l’Arianna de Rinuccini mis en scène en 1608 à Mantoue avec la musique de Claudio Monteverdi. Après Rinuccini, les Lettere eroiche sont indiquées comme un modèle par Giovanni Battista Marino dans la Lira publiée en 1614. En 1622, les Lettere delle dame e degli eroi de Francesco della Valle paraissent à Rome. L’année suivante, Marino revient dans la ville des papes après son séjour parisien et stimule l’intérêt pour la littérature élégiaque avec la publication de l’Adone. En 1627, les Epistole eroiche d’Antonio Bruni sortent des presses, un recueil qui fait autorité et qui sera réédité une douzaine de fois jusqu’à la fin du siècle. C’est précisément dans ces années-là que Luigi Rossi et Orazio Michi étaient actifs à Rome, manifestement stimulés par cette mode littéraire. À la fin de mon intervention, j’évoquerai certaines caractéristiques rhétoriques des lamenti musicaux du début du XVIIe siècle et je parlerai du Lamento della regina di Svezia de Luigi Rossi, contenu dans le manuscrit F-Pn Rés Vmc ms 77, ayant appartenu à la collection de Mme de Chambure.

Alessio RUFFATTI est diplômé en flûte à bec et en chant lyrique, il est titulaire d’un doctorat en musicologie en cotutelle (universités de Paris IV Sorbonne et de de Padoue). Il est professeur de musicologie au conservatoire de Padoue. Il a publié ou publie actuellement des articles dans Musica e Storia, Saggiatore musicale, Journal of the Seventeenth Century Music, Revue de musicologie, Studi musicali, Jardin de Musique, Dizionario biografico degli italiani et dans divers actes de colloques internationaux. Il a également publié une édition critique de cantates de Luigi Rossi. Ses recherches sont consacrées à la famille Bassano, au livre manuscrit romain du XVIIe siècle, aux cantates de Luigi Rossi, à Alessandro Scarlatti, à Arianna de Rinuccini Monteverdi, ainsi qu’au fonds Vallotti Tartini de la Veneranda Arca di Sant’Antonio de Padoue.

10h > Tim Crawford

Unpicking the Context: two lute manuscripts containing unique works by Silvius Leopold Weiss (1687-1750) – their contents, provenance and first owners (Rés. Vma. ms. 1213 & Rés. Vmc. ms. 61)
For the final volumes of S. L. Weiss’s Sämtliche Werke, these two MSS from the Chambure collection were crucially important in preserving several unique copies of his earliest works (before 1714). The two lute books, which came to France from the library of the Polish musicologist Aleksander Polinski, came to Mme de Chambure via the collections of Jules Écorcheville and Henri Prunières. We can identify the original compiler of Rès. Vma. ms. 1213 as Luise Adelgunde Victoria Gottsched (1713-1762), wife of the Leipzig professor of poetry, J.C. Gottsched, herself known as an expert player of both the lute and the harpsichord. As well as eight early Weiss compositions, it contains 50 chorale settings, of which several are by Adam Falckenhagen, and a Tombeau precisely dateable to September 1738. A more elaborate chorale setting, labelled « Variat. 2da », seems very likely to be by Luise’s one-time composition teacher, the lutenist and Bach pupil, J. L. Krebs. F-Pn Rés. Vmc. ms. 61, dated « Venetijs 7. 7bre 1712 », was compiled while Weiss was in Rome (1710-14) in the court of the former Polish royal family. In the first layer, a Polish lutenist copied works from an earlier period, largely French and not including Weiss; 38 pieces by Weiss in the second layer were entered by a highly competent scribe. Recent research by François-Pierre Goy suggests the possibility that the contributor of the first layer may have been Prince Aleksander Sobieski (1677-1714), Queen Maria Casimira’s son, whom Weiss had been employed to serve.

Tim Crawford, Emeritus Professor at Goldsmiths University of London, is an acknowledged expert in lute music of the 16th-18th centuries. He was the editor and joint editor of six volumes of Sämtliche Werke of the lutenist Silvius Leopold Weiss, a contemporary and acquaintance of J. S. Bach, for Das Erbe deutscher Musik (2002-11). His research interests and editorial activities have also embraced the music of John Dowland, George Frederick Handel, Joseph Haydn and Wolfgang Amadeus Mozart. His work on music information retrieval has led to research projects funded by the Arts & Humanities Research Council, Horizon 2020 and the British Academy. He was a co-founder of the annual International Society of Music Information Retrieval (ISMIR) conference series in 2000, and acted as ISMIR’s President in 2012-2013.

10h30 > Constance Luzzati

Les sources de la musique pour harpe dans la collection Chambure : les oeuvres de Johann Baptist Krumpholtez (Vma 3613 (1 à 6)
Les pièces pour harpe issues de la collection Chambure, conservées à la BnF sous la côte Vma 3613, sont les dernières oeuvres pour harpe de Johann Baptist Krumpholtz, composées et publiées entre 1787 et 1790. Ces versions imprimées de la collection divergent des autres versions conservées à la BnF en ce qu’elles ne contiennent pas la partie de violon susceptible d’accompagner celle de harpe. Elles sont représentatives des dernières évolutions de l’écriture de Krumpholtz (mort en 1790), mais aussi de son travail expérimental sur la facture de l’instrument. Certaines des oeuvres contiennent ainsi des indications rares liées à l’utilisation de la harpe à renforcement. L’utilisation des chromatismes est poussée aussi loin qu’il est possible sur un type de harpe à simple mouvement, impliquant une maîtrise fine du jeu par enharmonies. Plusieurs traits d’écriture semblent sans équivalent au XVIIIe siècle.

Constance LUZZATI est harpiste et musicologue. Elle travaille sur la transcription du répertoire de clavecin, les problématiques d’interprétation et la mise au jour de répertoire inédit. En tant que harpiste, elle oeuvre également en faveur de la création. Elle enseigne l’histoire de la musique au CNSMDP.

11h > pause

Session sources 4 (Président de séance : Mathias Auclair)

11h15 > Achille Davy-Rigaud

La Méthode facile pour apprendre à chanter la musique – Paris, Christophe Ballard, 1702 (Rés. Vmf. 33 (1)
Éditée pour la première fois en 1666 par Robert Ballard, sans autre mention d’autorité que celle d’« un célèbre maître de Paris », cette Méthode facile marque l’histoire de l’enseignement de la musique en introduisant pour la première fois ce qu’on appelle alors « la gamme du si » qui vient se substituer à l’apprentissage par la solmisation qui prévalait jusqu’ici. Son auctorialité reste toutefois mystérieuse : elle est attribuée à un certain Le Maire par Sébastien de Brossard, mais à Guillaume-Gabriel Nivers par Jean Rousseau, alors que « La Gamme du Si par M. Nivers », inscrite dans plusieurs catalogues des Ballard, n’a jamais été retrouvée sous ce titre à ce jour.

Directeur de recherche du CNRS, Achille Davy-Rigaux a été directeur de l’IReMus (2014-2018) et été co-fondateur et directeur du Collegium Musicæ de l’Alliance Sorbonne Université (2015-2018) ainsi que président de la Société française de musicologie (2018-2024). Ses travaux concernent le plain-chant et la musique d’Église à l’époque moderne à travers leurs pratiques et leur lien avec la liturgie, l’édition critique et la musicologie numérique (Consortium Musica2 Huma-Num).

11h45 – Christian Lutz

Un témoignage de l’intérêt de Geneviève Thibault de Chambure pour l’orgue : le Mémoire instructif du facteur d’orgues Christophe Moucherel, 1734 (Rés. Vmd. 53 (1.)
Alors que son nom n’est généralement pas associé au domaine de l’orgue, Geneviève Thibault montra un réel intérêt pour cet instrument durant ses jeunes années. Elle en joua lors de concerts publics, aux débuts de la Société de musique d’autrefois, sous l’influence de Georges le Cerf, et elle se fit construire un orgue de salon par Louis Eugène-Rochesson, en réutilisant un buffet du XVIIe siècle provenant de Châtellerault. Même s’il est entré plus tard dans sa collection, le Mémoire instructif publié en 1734 par Christophe Moucherel reste un témoignage de cet engouement pour l’orgue. Ayant appartenu à Alfred Cortot, c’est l’un des deux exemplaires qui nous soit parvenu, et le seul qui soit complet, contrairement à celui d’Albi, qui a servi à deux éditions en fac-simile. Plus qu’un traité sur la manière de rédiger les devis, marchés et rapports de réception des orgues, il s’agit d’une autobiographie de cet artisan protéiforme, tour à tour tourneur sur bois, facteur de flûtes puis d’orgues et de clavecins, fondeur de caractères d’imprimerie, architecte, hydrolicien et machiniste. Cette communication a donné lieu à la découverte d’un second mémoire, publié en 1743 par le même Moucherel, qui n’avait jamais été exploité, bien que les deux exemplaires soient conservés dans des bibliothèques publiques. Cet ouvrage éclaire d’un jour nouveau les années languedociennes du facteur, en invalidant des attributions erronées et en révélant la relation d’amitié entre Moucherel et Dom Bédos.

Né en 1961 à Strasbourg, Christian LUTZ fit des études de musicologie dans cette ville et d’orgue au conservatoire de Belfort. Après avoir oeuvré à la réalisation et la publication de l’inventaire des orgues d’Alsace (1984-1986) puis de ceux de Lorraine (1989-1999), il a été agréé en 1992 comme technicien-conseil pour les orgues par les Monuments historiques. Il assura ainsi la maîtrise d’oeuvre de la restauration ou de la construction de plus de 165 orgues, dans ces mêmes régions et à Paris, dont celui de Notre-Dame de Paris (2020-2025).

12h15 -Volny Hostiou

Présence du serpent dans la collection de madame de Chambure : instruments, documents, analyse d’un manuscrit exceptionnel, l’Abrégé des principes de musique suivi de gammes et méthode pour le serpent et gammes pour diverses instruments à vent (Rés. Vmc. Ms. 62).
Il est difficile d’imaginer l’importance que Genevière Thibault de Chambure pouvait donner à un instrument aussi particulier que le serpent. Encore utilisé de façon très sporadique dans certaines églises au début du XXe siècle, le serpent était, lorsque qu’elle l’a croisé, déjà un instrument appartenant aux temps anciens, à cette « musique d’autrefois » que Mme de Chambure s’est évertuée à faire revivre à travers ses diverses activités de collectes, de recherches et de programmation de concerts. Le serpent a eu une réelle place dans sa collection exceptionnelle : serpents courbes, serpents droits, ophicléides ; et celle de documents relatifs à son usage : livres, méthodes de plain-chant… Le manuscrit Rés. Vmc. Ms. 62, compile de nombreuses tablatures, principalement relatives aux différents types de serpents. Nous l’analyserons pour tenter de discerner ce qu’il peut nous apprendre sur son auteur dont la biographie nous est inconnue et, d’une manière plus générale, sur l’histoire et l’évolution du serpent.

Titulaire d’un premier prix de saxhorn du CNSM de Paris, Volny Hostiou enseigne le tuba, la musique ancienne et la musique de chambre au CRR de Rouen. Spécialiste du serpent, il se produit avec divers ensembles de musique ancienne français et européens : Akademie für Alte Musik Berlin, B’Rock orchestra, Le CMBV, Les Passions, les Epopées… Il est co-directeur musical de l’ensemble Les Meslanges. Formé en musicologie à la Sorbonne (son mémoire de Master portait sur le serpent), il est l’auteur de nombreuses publications sur le serpent.

12h45 > Conclusion première partie du colloque par Thomas Vernet

13h > Déjeuner

15h30 > Possibilité d’assister au concert-rencontre de Joël KELLER, « Bach à la française »

Le lieu

Salle de la Poivrière vendredi 13 juin 2025 à 14:30, samedi 14 juin 2025 à 09:30

Bibliothèque musicale François-Lang dimanche 15 juin 2025 à 09:30

Toutes les dates

À venir

  • Salle de la Poivrière

  • Salle de la Poivrière

  • Bibliothèque musicale François-Lang

Infos pratiques / Billetterie

En ligne :
Réserver

Par téléphone :
01 30 35 58 00