Un jardin au cœur de l’abbaye

Au centre de l’abbaye, le jardin du cloître est un havre de paix où le temps semble s’arrêter.

Ravissant petit jardin à la française composé autour d’un bassin, il a été dessiné par le paysagiste Achille Duchêne en 1912 et restauré en 2010.
Par sa sobriété, il évoque le jardin médicinal qui occupait très certainement au Moyen Âge cet espace propice à la méditation et à la contemplation.
Les quatre longues galeries qui l’entourent sont couvertes de voûtes aux décors végétaux épurés et ornées par endroits d’élégantes colonnettes.

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Les jardins des cloîtres se composaient généralement de plantes médicinales, ou de plantes aromatiques ou encore de fleurs (des lis, des iris jaunes, des roses trémières, des roses églantiers) ou bien restaient nus, recouverts de terre battue. L’eau est très importante, on la trouve fréquemment au centre des cloîtres : en effet, elle est propice à la méditation et suggère les fleuves du Paradis. Mais nous ignorons tout du jardin du cloître de l’abbaye de Royaumont au Moyen Âge.

Le départ des moines et l’installation d’une filature a sans doute modifié profondément le cloître. Le lavabo est détruit, tout comme l’aile est du cloître où une conciergerie est construite. L’activité industrielle laisse peu de place au jardin, traversé d’un mur et planté de petits arbres.

Cloître avant Duchêne
À leur arrivée en 1869, les religieuses de la Sainte-Famille de Bordeaux restituent la galerie du cloître détruite et aménagent un jardin découpé par des petites haies et des rosiers en quatre parties symétriques. Une photo de la fin du XIXe siècle montre un bassin en son centre, qui sera repris par Achille Duchêne.
En 1905, la famille Goüin achète l’abbaye aux religieuses. Elle commande en 1912 le jardin du cloître au célèbre paysagiste Achille Duchêne (1866-1947).
Celui-ci apprend de son père, avec qui il collabore très tôt, la science du tracé et de la perspective ainsi que des subtils nivellements de terrain. Admirateur d’André Le Nôtre, il ressuscite le jardin à la française et en diffuse le modèle dans le monde entier. Il restaure les jardins de Champs-sur-Marne, de Vaux-le-Vicomte.

Au XIXe siècle, Achille Duchêne redessine le jardin du cloître
Il le dessine dans un style librement inspiré des parterres à compartiments de la Renaissance. Ce jardin accueille parmi ses tout premiers visiteurs et hôtes les blessés de l’hôpital militaire. Plus de 10 000 poilus y seront soignés entre 1915 et 1919 ; ils s’y ressourceront aux beaux jours. Le président de la République Poincaré les visitera le 22 septembre 1916. Le cloître et son jardin serviront aussi de cadre à des manifestations officielles, comme des remises de médailles.
C’est à la fin du XIXe siècle, à l’initiative des sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux, alors propriétaires de l’abbaye, que les toitures ont été remplacées par des terrasses afin d’améliorer les circulations. L’architecte Louis Vernier fut chargé de mener à bien ce chantier, il avait déjà préconisé à l’époque une couverture en plomb mais c’est une autre solution qui fut adoptée.

La restauration du jardin se réfère au début du XXe siècle
Trait marquant de ce cloître, sa taille, et sa forme : de vastes dimensions, il est rectangulaire et non pas carré, ses galeries mesurant pour celles orientées est-ouest, 48,35 m, et 46,80 m pour les deux autres.
Cet espace clos se trouvait, jusqu’à fin 2009, dans un état de présentation très simplifié et hétérogène avec la disparition des grands ifs dont les silhouettes rythmaient antérieurement la périphérie du cloître. Dans l’architecture et le décor du cloître, les végétaux sont stylisés, simplifiés et suggèrent la maîtrise de la nature qui doit rester harmonieuse.
La restauration du jardin se réfère au début du XXe siècle, lorsqu’Achille Duchêne redessine le jardin du cloître dans un style librement inspiré des parterres à compartiments de la Renaissance. Le projet prévoit ainsi de conserver les emprises et les tracés des compartiments actuels, ainsi que ceux de leurs pièces de gazon et bordures de buis, de rétablir les ifs plantés le long de la galerie et en lisière de la petite salle centrale et d’intégrer quelques massifs de rosiers pour refermer cet espace central organisé autour du bassin.

Aménagements et restaurations
De 1986 à 1997, le cloître a fait l’objet de plusieurs tranches de travaux : restauration, drainage, définition de l’emplacement du lavabo des moines, restitution de deux réseaux d’arcatures de la galerie sud. En 2003 et 2004, reprise des contreforts et restauration des voûtes de la galerie ouest. En 2007, les travaux d’étanchéité des terrasses du cloître et la restitution des garde-corps en pierre de taille ont été terminés. En 2010, le jardin du cloître a été restauré d’après le plan d’Achille Duchêne.


L’œuvre Geysir Ouest-Lumière se situe sur toute l’étendue du bassin, au centre du cloître. L’œuvre puise dans l’identité même de l’abbaye et ce qui fait son authenticité première : la présence de l’eau, incarnée par la sobriété cistercienne. Elle se matérialise par l’activité de l’eau : sa présence, son jaillissement et son illumination.
Au repos, l’œuvre est consignée dans le cadre d’une citerne souterraine et du bassin lui–même. En phase active, elle culmine à une hauteur de sept mètres. Juste avant le jaillissement du geyser, on constate un effet de bouillonnement progressif qui préfigure l’événement.
Un dispositif de spots éclaire d’une blancheur intense le bassin puis s’intensifie au jaillissement du geyser, il fonctionne de façon permanente dès la tombée de la nuit. Un petit filet d’eau continue de bercer le cloître de sa douce tonalité.