Dans cet espace aujourd’hui vide s’élevait, jusqu’en 1792, le bâtiment le plus imposant du monastère. En effet, avec une nef de 106 mètres de long, les dimensions de l’abbatiale de Royaumont atteignaient presque celles de la cathédrale de Soissons. Édifiée entre 1228 et 1235, elle fut démantelée à la Révolution pour servir de carrière de pierres. Seuls subsistent aujourd’hui une tourelle d’escalier, haute de 36 mètres, le mur du bas-côté Sud de la nef et quelques fondations ; autant d’éléments qui ont permis d’en retrouver le plan restitué sur le site par de monumentaux vestiges lapidaires qui y furent disposés en 1907.

Détruite à la Révolution, elle a été reconstruite numériquement et d’étonnantes lunettes stéréoscopiques dispersées parmi les ruines permettent de la visiter virtuellement.

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La tourelle élancée qui s’élève encore à l’écart des bâtiments donne une idée de la taille monumentale de l’église que Saint Louis avait fait construire ici.

Avec une hauteur sous voûtes de près de 28 mètres, elle était en effet bien plus grande que, par exemple, la Cathédrale Notre-Dame de Senlis ou la Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise.

En forme de croix latine, l’église comprenait une nef de huit travées avec bas-côtés, un transept et un chœur doté d’une abside bordée de sept chapelles rayonnantes. Elle communiquait au Sud avec le cloître et, au Nord, avec le cimetière des moines à l’emplacement duquel s’élève aujourd’hui un bâtiment construit en 1795, avec les pierres de l’église, pour abriter les métiers à tisser de la fabrique textile qui avait alors pris place dans l’abbaye.

La tourelle du bras Nord du transept révèle également l’élévation tripartite de l’édifice, caractéristique des grandes églises gothiques d’Île-de-France des années 1230, ainsi que le soin apporté à sa construction. Les quelques éléments sculptés encore en place, sobres et non figuratifs, sont caractéristiques de l’art cistercien. Pourtant, dès 1253, le chapitre général de l’ordre de Cîteaux dénonçait la présence dans le sanctuaire de peintures, tentures, figures et autres séraphins, peu conformes à l’austérité en vigueur chez les moines blancs… Autre entorse à la règle, l’inhumation dans le chœur de l’église de quatre enfants de Louis IX et de trois autres membres de la famille royale, exceptionnellement tolérée par le chapitre et révélatrice de l’attachement du roi à cette abbaye. Démontés en août 1791, les gisants princiers se trouvent désormais à la Basilique de Saint-Denis tandis que les autres monuments funéraires sont conservés au Musée de Cluny et au Musée du Louvre, à Paris.

Sur le mur du bras Sud du transept, un fragment de draperie de stuc rouge est encore visible et signale l’ancien emplacement du mausolée d’Henri de Lorraine, comte d’Harcourt, sculpté par Antoine Coysevox en 1711. Il fut également démonté avant la destruction de l’église et transféré à l’église Saint-Rémy d’Asnières-sur-Oise. Depuis 1959 on peut à nouveau l’admirer à Royaumont, dans l’ancien réfectoire des moines.


Travaux dans l'espace des ruines


Depuis 2010, l’abbatiale est l’objet d’une « restauration numérique ». Sous la direction de Patrick Callet, des étudiants de l’École Centrale de Paris ont réalisé une maquette numérique en trois dimensions de l’église dans son état médiéval. Cette entreprise a abouti à une restitution sous la forme d’un film de l’intérieur et de l’extérieur de l’église dans son état médiéval : il est diffusé sur les panneaux du parcours de médiation numérique.