La restauration du réfectoire des moines enfin dévoilée au public !

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La Fondation Royaumont poursuit sa principale mission : préserver et faire vivre l’abbaye fondée par Saint Louis. Son intervention sur le toit du réfectoire des moines peut enfin être présenté au public pour son retour si attendu à Royaumont.

Après les travaux menés en 2015-2016, la Fondation Royaumont a poursuivi son programme de restauration – avec l’agence Chatillon Architectes et les compétences de l’architecte en chef des Monuments historiques François Chatillon – en reprenant la toiture et les murs extérieurs du réfectoire des moines et du chauffoir. Ce chantier qui avait pris un peu de retard lors du premier confinement s’est achevé fin 2020. La réouverture de l’abbaye est l’occasion de découvrir comment des artisans spécialisés, héritiers de savoir-faire pluriséculaires, donnent un nouvel éclat à un patrimoine qui fait partie intégrante de l’histoire de France.

Le réfectoire des moines : un bâtiment à l’histoire mouvementée
Situé au sud du cloître, le réfectoire des moines est une superbe salle de plus de 550 m2 emblématique du gothique français (en savoir plus), avec ses grandes voûtes en ogive et ses hautes baies dotées de vitraux. Le grand orgue d’Aristide Cavaillé-Coll (en savoir plus) et le mausolée d’Henri de Lorraine-Harcourt rehaussent sa monumentalité. Après bien des péripéties (au fil de l’histoire, il a été transformé en atelier textile ou en hôpital de guerre), le réfectoire a connu plusieurs restaurations. En 2002, un grand chantier a achevé de lui rendre son éclat, avec notamment la pose au sol de près de 40 000 carreaux, unis et à motifs, fabriqués selon des techniques médiévales. C’est dans ce cadre qu’ont lieu la plupart des spectacles du Festival de Royaumont (en savoir plus).
La toiture du chauffoir a également été refaite. À l’époque médiévale, ce bâtiment accueillait au rez-de-chaussée une grande salle pourvue d’une cheminée, dans laquelle, durant la mauvaise saison, les religieux passaient le temps qu’ils ne consacraient pas aux prières du chœur. Elle a été utilisée comme cuisine au XVIIIe siècle, tandis la pièce située à l’étage servait de bibliothèque. En 2016, le bâtiment a été entièrement restructuré pour accueillir les chambres froides de la nouvelle cuisine, puis, dans les étages, deux niveaux de stockage pour le matériel scénique et de réceptions.

62 000 tuiles à l’ancienne, de 6 formats et couleurs différentes pour 1400 m2 de toiture
La toiture nécessitait une réfection rapide et totale dans le respect de l’esprit du lieu. Pour le choix des tuiles, il a été fait appel à la Tuilerie Blache, créée en 1740 à Loire-sur-Rhône, titulaire du « label Entreprise du patrimoine vivant » et rompue aux techniques traditionnelles. Celle-ci a fourni pas moins de 62 000 tuiles plates dites « du Marais » en terre cuite, vernissées ou patinées, de différents coloris et formats et adaptées à la restauration de toitures anciennes.
Tout l’art a ensuite consisté à panacher ces six formats et coloris pour former un mélange harmonieux (27,5 % de couleur paille, 27,5 % de couleur terre noire, 22,5% de couleur paille vieillie, 2,5% de couleur sable rose et noir, 2,5 % de tuiles avec un vernis vert…). Un savoir-faire parfaitement maîtrisé par les compagnons-couvreurs de l’entreprise Coanus et un résultat à admirer depuis le Jardin des 9 carrés !

Charpentes, façades et menuiseries
Les charpentes ont été consolidées, les assemblages révisés et les bois présentant des défaillances repris ponctuellement et remplacés. Tous les bois neufs sont en chêne. Les tirants installés lors de la restauration du XIXe siècle ont quant à eux été révisés et un traitement anticorrosion a été appliqué, avec le remplacement de quelques pièces trop altérées.
Les pierres altérées des façades et des contreforts ont été remplacées. Les éléments sculptés formant la corniche, les modillons, ont été révisés sur place et les arases redressées en partie. Les fissures au niveau des contreforts ont été remaillées et les têtes de ces derniers ont été reprises ; les maçonneries ont été confortées par injection de coulis ; une légère patine d’harmonisation a également été appliquée sur les parements et enduits neufs. Pour prévenir les infiltrations, les maçonneries ont été purgées et rejointées.
Les croisées des pignons Nord et Sud du Réfectoire ont été remplacées, en y intégrant un double vitrage fin. La Fondation Royaumont tente à chaque chantier, d’améliorer l’isolation de l’abbaye et de réduire sa consommation d’énergie. Ainsi, afin d’améliorer les performances thermiques, un nouveau complexe isolant en panneaux semi-rigides a été mis en place sous couverture et les châssis de toitures ont été remplacés pour offrir un confort optimal et améliorer l’éclairage, la thermique et l’acoustique des bureaux aménagés au premier niveau du comble.

Des compagnons travaillant comme autrefois
Quatre sociétés spécialisées ont collaboré sur ce chantier : Hussor Erecta a édifié un échafaudage d’une taille exceptionnelle. Art et Technique du Bois, une entreprise de charpente traditionnelle située à proximité de Reims, a restauré les éléments de menuiserie et révisé les charpentes. Varnerot, entreprise réputée dans le domaine de la maçonnerie traditionnelle et de la taille de pierre, a travaillé sur les façades. Coanus, entreprise fondée en 1929 qui compte une importante section Monument Historique et regroupe des compagnons couvreurs ayant effectué leur tour de France, s’est chargée de la toiture, des chéneaux et de l’amélioration des systèmes de récolte des eaux de pluies.

Des travaux co-financés par les pouvoirs publics
Le budget des travaux se chiffre à 1,6 million d’euros. Le département du Val d’Oise y a contribué pour un montant de 40 %, avec la participation du Fonds de solidarité d’investissement interdépartemental (Fs2i), la Région Île-de-France a apporté 20 %, soit 329 900 €, et le ministère de la Culture (Drac Île-de-France)
40 %, soit 659 700 €.