Grâce à la générosité du grand galeriste Claude Bernard, et à celle d’Alain Planès à qui il l’avait transmis, la Fondation Royaumont a reçu en don un instrument insolite : à savoir un clavecin de facture moderne, conçu entre 1968 et 1972 par Anthony Sidey. À travers cet instrument pensé comme un prototype, ce grand facteur a démontré que l’on pouvait être un restaurateur d’instruments historiques reconnu, puisant à la source des techniques anciennes, aussi bien qu’un artisan en prise avec la création musicale de son temps.

Inspiré par le clavecin Pleyel tant prisé par Wanda Landowska (1879-1959) au début du XXe siècle, le clavecin d’Anthony Sidey ouvre en effet de nouvelles voies pour la facture instrumentale et la création. Sa grande étendue, sa puissance et sa robustesse autorisent un jeu percussif et dynamique tandis que le parfait équilibre de sa mécanique offre à l’interprète une large palette d’articulations expressives. Ces contrastes sont encore renforcés par la variété des jeux dont la combinaison est favorisée par l’action du pédalier.

La claveciniste Elisabeth Chojnacka (1939-2017) ne s’y était pas trompée en choisissant ce type d’instrument pour plusieurs de ses enregistrements de référence. Ce clavecin de haute facture vient donc compléter la collection instrumentale de la Fondation Royaumont. Il offre aux interprètes accueillis à l’abbaye une magnifique opportunité de revisiter les œuvres de Maurice Ohona (1913-1992), Iannis Xenakis (1922-2001), Györgi Ligeti (1923-2006)… spécifiquement écrites pour lui, mais pourra également inspirer de jeunes compositeurs pour enrichir encore le répertoire du « Nouveau clavecin ».


Clavecin Anthony Sidey – modèle 275 (1972) : deux claviers, 16’, 8’, 8’, 4’, luth.