« Rentrer-dehors », une cabane à rêver devant l’abbaye

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Au mois de mars, l’artiste plasticienne Marjorie Méa a fait installer l’une de ses œuvres sur la pelouse qui fait face à l’abbaye.

L’œuvre est abritée par une cabane, une sorte de refuge, de lieu immersif de rêverie, où le visiteur peut accéder à la mémoire du paysage contenue en lui.

Marjorie Méa a dessiné des tilleuls sur les lés de papier qui couvrent les murs intérieurs. Son geste créateur a été minutieux, patient, avec un outil modeste, le crayon à papier, sur des encres végétales mêlées à la pluie. L’artiste aime en effet citer Gilles Clément « l’eau que tu bois a déjà été bue » ou encore le poète Guillevic « l’eau que tu bois a connu la mer ». L’idée d’une mémoire de l’eau participe à la dimension onirique de son travail. « Par le dessin, j’ai souhaité me rapprocher du temps de la nature : quand l’arbre pousse, son temps n’a rien à voir avec le nôtre. Tenter avec un geste modeste et répété de traduire ce temps, de réveiller en moi une mémoire du paysage et la partager avec le regardeur pour se « tapisser » de forêt » explique-t-elle. Des œuvres de plus petite taille, mouvement plus libre d’eau et d’encres viennent ponctuer le propos.

Imaginée à Lizières en 2022, lors d’une résidence intitulée « Poésie de la nature, nature de la poésie », à laquelle ont participé la chorégraphe Caroline Grosjean et le paysagiste et essayiste Gilles Clément, l’œuvre, baptisée « Rentrer-dehors », prolonge un compagnonnage avec la Fondation Royaumont entamé en 2018, à l’occasion des rencontres « Génie naturel ? Génie humain ! ».

La cabane a été construite avec le soutien de la société Lefort Menuiserie. Les élèves du lycée des métiers de l’horticulture et du paysage de Montreuil ont planté au pied des parois extérieures de la cabane des plantes qui grimperont prochainement sur ses flancs. Le paysage et ses saisons investiront ainsi l’œuvre.